Tous pourris.
6.5 Film aussi bancal que passionnant. En fait, je suis passé par deux états, puisque j’ai d’abord trouvé ça vraiment raté, malgré quelques bonnes idées ou trouées, au moins pendant une heure, mais ensuite le film m’a complètement cueilli jusqu’à me scotcher sur sa fin et ses vingt dernières minutes hallucinantes. C’est très bizarre Corneau, Série noire c’est Dewaere qui me pose problème, puisqu’on ne voit que lui, il brouille tout. Et là c’est un peu le contraire, je ne vois personne, je vois un magma mais je n’y crois pas : Corneau passe de l’opulence bourgeoise (du monde de Montand et Deneuve) à la précarité des autres (police, petites frappes, junkies : incarnés entre autre par Depardieu (immense là-dedans), Anconina, Lanvin etc…) avec une énergie un peu balourde. Le montage est très disgracieux. Et en même temps c’est aussi ce décalage qui fait sa force, qui lui offre une singularité un peu sale, électrique. J’aime beaucoup sa façon de filmer les cités notamment, mais aussi l’hystérie. Finalement je me dis que ce Corneau-là a beaucoup inspiré, car j’ai pas mal pensé à certains films d’Audiard, mais aussi au récent Le monde est à toi, de Romain Gavras. Je pense que c’est un film un peu raté, un peu indigeste, mais si on l’accepte il y a aussi une vraie mélancolie qui se dégage dans sa façon de se focaliser sur ces personnages pathétiques et désabusés. Peu importe ce qu’ils traversent, ils trimbalent tous une vraie tristesse. Je ne sais pas trop encore si le film prend bien le temps de le déployer ou s’il met trop de temps à le déployer, mais il y a un climat de tragédie puissant sur sa fin. Quoiqu’il en soit, son dernier quart m’a tellement impressionné que j’aurais tendance à oublier que le film m’a d’abord beaucoup ennuyé.
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