Une vie d’amour et de foi.
6.0 Difficile de savoir ce qui motive tant Cédric Kahn à s’essayer systématiquement à autre chose, un autre genre, dans un nouveau lieu, avec de nouveaux acteurs. Quel point commun y a-t-il entre Les regrets, Une vie meilleure, Vie sauvage et La prière ? Quatre films sur ces dix dernières années, quatre films singuliers, pas tous de la même qualité, mais tous de qualité, au sein desquels la griffe de l’auteur n’est pas si évidente à détecter. Ça n’empêche pas ce dernier film d’être assez réussi dans son ensemble. On observe une donnée nouvelle ici : Le film est dépourvu de star – Ni Attal / Tedeschi ni Canet / Bekhti, ni Kassovitz / Sallette. On connait Anthony Bajon pour son apparition brève mais géniale dans Les ogres, et Damien Chapelle grâce à Marie et les naufragés mais c’est tout (Ou presque : Un petit rôle pour Hanna Schygulla, un autre plus petit encore pour Magne-Håvard Brekke) et ça renforce quelque chose, rend le film sinon plus naturaliste, plus empathique disons, plus proche d’une certaine authenticité convoitée, que ce récit de guérison par la foi et l’amour est à même de convoquer. C’est un beau film, sans réelle fausse note, toujours à la bonne distance, à l’image de ces échanges que Kahn ne filme jamais dans un banal champ / contrechamp mais plutôt régulièrement en trois (types de) plans successifs : d’abord d’ensemble, avant d’enchainer sur le visage de l’un, puis finir sur le visage de l’autre – à la manière de la grande scène pivot dans Hunger, de Steve McQueen. Si je suis moins convaincu par l’aparté miracle dans le brouillard sur la montagne, le film tient quelques beaux instants de grâce ne serait-ce que dans sa fin, lumineuse, magnifique, mais aussi dans cette jolie séquence des confessions des anciens drogués face à leurs compagnons, donc quasi face caméra puisqu’elle nous installe parmi l’un d’eux. Un choix fort parmi d’autres, le film bien que très sobre en apparence, en regorge.
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