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Archives pour 21 février, 2019

Guy – Alex Lutz – 2018

22. Guy - Alex Lutz - 2018« Prend le galop, mon garçon »

   8.0   Film absolument génial, que j’avais pourtant snobé à sa sortie. Je ne le sentais vraiment pas, sans doute à cause d’Alex Lutz, le gars qui joue Catherine dans le duo Catherine & Liliane, mais aussi celui qui joue Heinrich Von Zimmel dans OSS 117, Rio ne répond plus. J’imaginais déjà un film cynique, un film avec une idée forte, une idée de sketch, mais qui ne tiendrait pas sur un format long métrage. Et pourtant c’est fascinant à tout point de vue. Déjà, mea culpa, Alex Lutz est incroyable. Filez-lui un Cesar. Enfin si vous le filez pas à Romain Duris, quoi. Guy est donc un faux reportage sur un faux chanteur. Ce sont les images d’un garçon, Gauthier, qui vient interviewer une star, mais surtout un père (puisque sa mère lui a appris qu’il serait son fils illégitime) mais c’est comme si on en voyait le produit fini, avec des images d’archives, des clips insérés. Bref, un documentaire complet, sur une star. Et ce faux chanteur de variétés, Guy Jamet, joué par un Lutz ridé, est une somme, physique ou non, de plein de chanteurs connus, de Charles Aznavour à Herbert Léonard, de Jacques Dutronc à Michel Sardou. Le film est à l’image de ces chansons, ces tubes que l’on voient de temps à autres : On a l’impression que ce sont des vrais tubes des années 70 ou 80. Donc on a l’impression que tout est vrai, tout le temps, au point de parfois oublié que c’est faux, que ce chanteur est créé de toute pièce, que Lutz n’a que quarante ans, en vrai. Et le film a cette double élégance, d’abord de la tendresse pour cet héritage, pour la variété française de manière générale, qu’il observe, moque et embelli, avec beaucoup de subtilité et d’amour. Ensuite de filmer la beauté de cette rencontre, avec celui, invisible (mais dont on entend parfois la voix) qui filme, l’écoute et lui cache ce qu’il nous dit d’emblée, à savoir qu’il est son fils. Cette relation est sans doute ce que le film réussit de plus beau et subtil, avec cette distance préalable (surtout face à cet humour omniprésent, envahissant) et cette complicité naissante. C’est un film bouleversant, sur les rapports père/fils, la famille et la vieillesse, en fin de compte. Et c’est aussi super drôle en permanence. Bref, c’est une merveille.

Mademoiselle de Joncquières – Emmanuel Mouret – 2018

23. Mademoiselle de Joncquières - Emmanuel Mouret - 2018Déliaison dangereuse.

   5.5   L’une des choses les plus stimulantes dans le dernier film d’Emmanuel Mouret c’est le caractère ludique et d’abord décalé qu’il entretient avec son titre. Il faut du temps pour que ce titre s’incarne, que cette demoiselle en question entre dans le récit. Mais elle ne tombe pas comme un cheveu sur la soupe non plus, elle apparait dans un dialogue au tout début du film, un récit raconté par Mademoiselle de La Pommeraye (Cécile de France) à Lucienne (Laura Calamy) son amie. On se dit que ce personnage pourrait ne rester qu’une simple figure tutélaire, métaphorique mais Mouret fera finalement d’elle un vecteur actif, comme l’était Agnès dans Les dames du bois de Boulogne, de Bresson, qui s’inspire aussi d’un épisode de Jacques Le Fataliste, de Diderot.

     Il faut pourtant attendre la moitié du film pour voir entrer Alice Isaaz mais dès qu’elle y entre ça change tout, le film s’en trouve redynamiser voire trouve sa raison d’exister. Il semble enfin trouver son vrai centre de gravité, sa douce cruauté, sa tendre mélancolie. Auparavant ce jeu de marivaudage s’étend pour rien, ennui plus qu’autre chose. Certes, Mouret a l’audace de lancer son récit bien plus en amont que ne le faisait Bresson, qui lui démarrait au moment de la séparation entre Hélène et Jean, mais ce petit jeu des attirances, de conquête et domination, entre La Pommeraye et le marquis des Arcis (Edouard Baer) plombe le film d’entrée, à mon avis, par sa longueur. Une bonne demie heure avant que le récit subisse une imposante ellipse, qui masque leur éloignement puis par la fomentation de la petite vengeance délicate et obstinée de La Pommeraye.

     C’est probablement ce qui me dérange dans cette première partie, ces deux personnages sont pour moi tout à fait détestables, l’un dans son libertinage revendiqué, l’autre dans sa vengeance amoureuse maladive, je n’ai que faire de leurs tourments de cœur uniquement guidés pour servir leurs petites instances égotistes. Et puis c’est un détail important, j’ai du mal avec ces deux acteurs. Et aussi bien quand ils font ce qu’ils savent faire que lorsqu’ils insèrent un petit décalage dans leur jeu, soit tout ce qui se déroule ici, d’abord dans leurs badinages, ensuite dans ce jeu de manipulation qui convoque les strates du thriller. Je comprends que l’on puisse adorer ça, moi ça me tient terriblement à distance, je ne vois que la fabrication, la complicité entre Cécile de France et Edouard Baer et non celle entre La Pommeraye et le marquis des Arcis.

     Or c’est justement quand le film se rapproche des promesses de son titre, quand il oriente le récit autour de Mademoiselle de Joncquières, qu’il s’avère assez beau, qu’il retrouve les couleurs des grandes réussites de Mouret. Le dernier quart est très beau, je trouve. Il faut par ailleurs noter que c’est un superbe film du seul point de vue de la mise en scène, aussi bien en intérieur qu’en extérieur, il y a une douceur et une alchimie d’un plan à l’autre, incroyable de voir Mouret aussi à l’aise avec cet univers nouveau de film en costumes, lui qui nous avait habitué à des décors plus contemporains. Ravi surtout de le voir retrouver une certaine grâce, après son excursion ratée dans le mélodrame (Une autre vie, avec Joey Starr) même s’il avait depuis retrouvé de jolies couleurs avec Caprice. Mais ça reste une réussite partielle à mes yeux, j’attends davantage du réalisateur de L’art d’aimer, d’Un baiser s’il vous plait.

L’amour flou – Romane Bohringer & Philippe Rebbot – 2018

21. L'amour flou - Romane Bohringer & Philippe Rebbot - 2018Nous c’est relou.

   2.0   C’est leur premier film (nommé dans cette catégorie vendredi, d’ailleurs) à ces deux-là en tant que réalisateurs. Prions pour que ce soit aussi leur dernier. Une sorte d’autoportrait sur leur rupture de couple, traité sous un angle comico-depressif mais plus comique que dépressif, avec une pelleté de gags et de vannes qui ne fonctionnent jamais tout simplement car c’est un petit spectacle en circuit fermé, qui ne doit faire rire et émouvoir qu’eux deux. Je sauve un truc, un seul, et dans un grand élan d’indulgence et parce que j’aime bien ce mec, à savoir les scènes avec Reda Kateb, qui aime un peu trop les chiens. C’est tout. Le reste n’est ni fait ni à faire, jamais drôle, complètement égocentrique (faire jouer ses propres enfants c’est un vrai problème, car désolé mais ils ne sont vraiment pas bons), souvent dans le frisson de la honte (punaise la scène avec Richard Bohringer, c’est chaud) et joué par des acteurs aussi hystérico-bordéliques – et fiers de l’être – que la mise en scène agressive et pompière qui les accompagne. Grosse souffrance pour moi, vraiment.


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