Disappearance on the train.
6.5 C’est l’un des tous derniers films britanniques d’Hitchcock avant son exil américain et il contient le germe de ses plus grandes réussites. La majeure partie de l’intrigue se déroule à bord d’un train mais avant cela, le film aura pris soin de présenter sa kyrielle de personnages au sein d’un petit village d’Europe centrale. C’est du pur théâtre de boulevard, mélangeant la comédie burlesque notamment avec les deux clients anglais impatients d’assister à leur match de cricket et la présence d’un maître d’hôtel extravagant, mais aussi la screwball comedy au moyen d’une rencontre entre deux opposés (Le couple Margaret Lockwood / Michael Redgrave pourrait être cousin du couple Katharine Hepburn / Cary Grant de L’impossible Monsieur Bébé, sorti la même année) qui vont bientôt faire équipe ensemble pour tenter de percer le mystère d’une disparition. Introduction un peu longue, un peu dispensable, mais pas inintéressante dans le processus qui vise à intégrer tout ce petit monde.
Une scène pivot – Et une chute de pot de fleurs prétexte – va faire changer d’aiguillage au film qui va échanger ses ressorts comiques avec un climat d’étrangeté paranoïaque assez stimulant. Comme Vincent Lindon sera, soixante années plus tard, face à un entourage qui ne remarque pas qu’il s’est coupé la moustache qu’il arbore depuis toujours, Iris, qui se réveille d’une simple sieste cherche son amie, Miss Froy, que personne ne semble avoir vu, ni dans son compartiment, ni dans le wagon-bar. Si certains mentent, pour protéger un adultère ou pour ne pas rater le cricket, d’autres sont nettement plus suspects. Les discours contradictoires s’amoncellent. A ce petit jeu, soyons honnêtes, le film n’est pas tellement surprenant, on comprend rapidement chacun de ses ressorts. C’est alors que réapparaît Gilbert, l’homme rencontré à l’hôtel la veille au soir. Il était imbu et ingrat, il sera le nouveau compagnon de route d’Iris, le seul qui malgré de premiers doutes, envisage de la croire. C’est de cette alliance improvisée que le film titre tous ses meilleurs moments car le duo fonctionne merveilleusement bien.
La dernière partie du film, qui outre de changer une nouvelle fois de genre, en basculant entièrement dans le film d’espionnage et le siège du train en pleine forêt montagneuse, est nettement plus faible, la faute à un étirement de son dispositif et à un refus de la brutalité, de la noirceur. Le film reste dans le registre comique et donc au moment de chaque coup de feu (et il y en a un paquet) chacun y va de son petit mot, sa petite vanne, c’est épuisant. Qu’importe, ce n’est pas ce que l’on retient. C’est la complicité entre Iris & Gilbert qui donne toute sa raison d’être au film. En un sens, Une femme disparait prépare La mort aux trousses et ce duo, celui que formeront Cary Grant / Eva Marie-Saint.
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