Bourrinade tranquille.
4.5 Je me retrouve un peu comme un con, devant le nouveau film d’Eli Roth, « cinéaste » que j’aime bien pour son côté sale gosse, maladroit, inconséquent, rigolo et crado, dans la mesure où il s’attèle au remake d’un film avec Charles Bronson super méga connu, mais que je n’ai jamais vu. Pire je ne savais pas qu’il en était le remake avant de le lancer, puisque je n’ai pas fait le rapprochement, ne sachant pas que le titre original d’Un justicier dans la ville c’était Death wish. Il me semble avoir entendu dire que le film de Michael Winner était aussi ambigu que suicidaire, surtout très sombre puisque bien qu’il nettoie la ville, Bronson ne retrouvait jamais les agresseurs de sa femme et sa fille. J’en viens donc au premier aspect qui me chiffonne ici, et qui me chiffonne même sans avoir connaissance de l’original et de son déroulement : Death wish, d’Eli Roth est un film un peu sage, non ? Enfin, le film aborde clairement la question de l’auto-justice, du port d’armes, la prépondérance des réseaux sociaux et des médias, mais en terme d’action, de scènes violentes, de scènes de vengeance, tout ça, il ne propose pas grand–chose de stimulant : L’agression initiale se termine hors-champ, les nombreuses ripostes du personnage sont relativement brèves et on ne sait pas bien si le film traite ça de façon très sérieuse ou s’il est dans la parodie. Et là on retrouve l’aspect schizophrène de Roth, qui dissémine quelques instants gores, mais tellement brefs, qu’on se demande si elles ne forment pas de petites récompenses des studios pour s’être bien comporté le reste du temps. Il faut dire que le film lui est arrivé entre les mains un peu par hasard, puisque c’était Stallone qui devait s’en occuper, que c’était Matt Damon qui devait le jouer. En résulte un produit très étrange, donc, beaucoup trop rutilant (comme le crane de Bruce) alors qu’on voudrait qu’il soit poussiéreux – mais en un sens il est le produit de son époque, il sent beaucoup trop la javel, pas assez la sueur et le sang – mais assez fascinant d’un point de vue théorique quant à la présence de Bruce Willis : Il campe un monsieur tout le monde, alors qu’on s’attend à voir un John Mc Clane, mais il se transforme, sweat capuche à l’appui, en justicier solitaire à la David Dunn. Je trouve le film un peu raté car déséquilibré dans ses choix et sa progression narrative, mais en tant que série B qui réfléchit sur le statut de justicier aux Etats-Unis aujourd’hui il s’en tire bien, même si c’est trop sage pour du Eli Roth et même si dans un registre similaire de pure série B, John Wick l’envoie carrément au tapis.
0 commentaire à “Death wish – Eli Roth – 2018”