Dans la maison.
7.5 Chialer sur une scène où l’on danse sur Bella, de Maitre Gims : Check. Plus sérieusement, c’est un très beau film, j’y retrouve le Lafosse qui m’avait tant marqué, ému avec Nue-propriété, qui déjà, se déroulait intégralement ou presque dans une baraque. Je me souviens qu’on s’en extirpait qu’à la toute fin, dans un travelling arrière, qui évoquait aussi bien la fin de News from home, d’Akerman que celle de La gueule ouverte, de Pialat. Il me faudrait le revoir, toutefois. Lafosse récidive ici ou presque, puisqu’il y aura ce très long plan fixe à l’hôpital, juste avant la fin. Mais il y a ce dernier plan, fixe lui aussi, dans le bureau d’un juge, pour sceller la séparation – un peu comme à la fin de Mon roi, de Maïwenn – qui est d’une puissance froide hors du commun, au regard de ce qu’on a vu précédemment qui jouit certes d’un certain étouffement et d’une violence sourde marqués par le quotidien de ce couple en crise, mais qui ouvre aussi sur des éclats lumineux en permanence, à l’image de la séquence dansée. Des éclats tout court, des dérapages inédits, inattendus, aussi bien avec les deux jumelles (que Lafosse n’hésite pas à filmer, mettre au centre de chaque scène ou presque, et tant mieux car elles sont excellentes) que lors de ce long repas avec des amis, par exemple, ou avec les allées et venues de cette grand-mère qui doit composer avec les humeurs électriques de sa fille et son gendre. C’est donc un huis clos mais ce n’est jamais filmé comme une pièce de théâtre, Lafosse variant les plans et leur longueur, jouant aussi bien avec le hors champ qu’avec les changements météorologiques. Certaines scènes sont très étirées, d’autres au contraire très courtes. Et mine de rien, une idée que je retiens c’est qu’on y parle sans cesse d’argent, de l’organisation pour le partage, de ce que vaut la maison qu’elle a payé avec le pécule de ses parents, de ce qu’elle vaut avec les travaux qu’il a apportés. C’est un beau film de couple, de famille, mais surtout un beau film sur une maison, qui n’est pas seulement un décor mais une valeur « physique » ou « émotionnelle » difficilement quantifiable. J’ai trouvé le film absolument passionnant et émouvant de bout en bout. Quant à Bérénice Bejo et Cédric Kahn, ils sont tous deux absolument épatants.