En quête de croyance.
6.5 Le point de départ est sensiblement le même que celui de Maya, le dernier film de Mia Hansen-Løve. Soit le retour d’un photographe de guerre (D’un côté Roman Kolinka, de l’autre Vincent Lindon) dont on comprend, car tout est relativement flou, qu’il a perdu son coéquipier de mission / voisin de prison lors d’un reportage en Syrie. La suite n’a en revanche strictement rien à voir, aussi bien dans le traitement formel que dans le récit déployé, ce bien que tous deux, Gabriel et Jacques, iront vers une forme d’abstraction, originelle pour l’un, mystique pour l’autre, une préservation du mystère que le film respecte lui aussi, des personnages, de leurs secrets, de la foi qui les anime.
Si Giannoli compte beaucoup moins pour moi que la réalisatrice de Tout est pardonné, ça ne m’a guère empêché de trouver son nouveau film assez réussi dans son genre, à la fois parce qu’il est ambitieux mais aussi parce qu’il déploie cette ambition avec une certaine humilité, ensuite parce que le film place ses pions de façon si brillante qu’il en devient fascinant au moins une heure durant. Il se délite par la suite parce qu’il garde la même tonalité tandis qu’il devrait naviguer un cran au-dessus. Et ça lui amoindri du même coup son très beau final, radical, qui préfère ouvrir plein de brèches plutôt que de tout refermer d’un revers de main. C’est tout à son honneur.
Si le film y va un peu fort dans son utilisation musicale – Je veux dire par « fort » qu’elle est pour ainsi dire omniprésente – ses choix de morceaux sont en revanche aussi somptueux qu’adaptés à ce qu’il raconte. Traiter de la foi avec une telle insistance en accompagnant le tout par le génie divin d’Arvo Part ou Jóhann Jóhannsson, jusqu’à même utiliser le chef d’œuvre absolu de Georges Delerue « Stellaire », c’est un peu comme si le film affirmait sa foi, orientait vers la croyance en cette apparition plutôt que dans le doute quant à son éventuel mensonge. Ça rend le film souvent très beau, je trouve. Je suis ravi d’avoir retrouvé le Giannoli que j’aimais tant dans À l’origine.