Et tout s’effondre.
3.0 Paris est à nous ambitionne de filmer la rencontre et le déchirement d’un couple au sein d’un Paris réfugié dans les manifestations, la peur et la sécurité policière, bref un Paris sur lequel planent les évènements de ces trois dernières années, d’autant que c’est exactement son temps de tournage, trois ans d’images collectées ci et là. Mais c’est un ramassis de plans serrés qui tournent autour de ses personnages, le tout accompagné par instants d’une voix off poétique, dans une succession de décors changeants – On hésite d’ailleurs pas dans l’utilisation du jump cut, c’est usant – au moyen de plans impossibles, retournés, sur des arbres, des lumières, des silhouettes, des plans toujours en mouvement pour que ça fasse à la fois très intime et panthéiste, à la manière de To the wonder ou Knight of cups, de Terrence Malick. Pas le meilleur Malick, en somme. D’autant qu’on est dix étages en-dessous. Surtout, le film est tourné en trois ans et ça se voit : Le montage est catastrophique, c’est à peine regardable. Si j’étais de mauvaise foi, j’irais même jusqu’à dire que son financement participatif bien qu’il soit inédit dans la production hexagonal, se ressent. C’est une fausse bonne idée. Un éléphant qui accouche d’une souris. Un film qui promet sans cesse d’être une montagne mais qui ne décollera pas du niveau de la mer. Cependant, quand il filme la foule parisienne, il se passe quelque chose, de l’ordre d’une vibration du réel qui s’invite dans la fiction, de la pulsation mélancolique dans l’ennui abyssal. Mais on comprend vite que ce n’est que pose, grandiloquence et boursouflure. Ça voudrait être un héritier à la fois de Carax et Noé, singer Malick, insérer du Lynch et être le film qui prend le pouls du présent. Mais c’est très raté.