L’are de la consommation.
5.0 Première fois que je suis déçu par Moullet. Enfin, déçu, c’est relatif. Disons que soit ça manque d’inspiration, soit c’est un problème d’équilibre, soit c’est simplement moi car les hypermarchés je ne trouve pas ça très intéressant ni très judicieux de s’y plonger / de s’en moquer. Mais peut-être que c’est moi, par gêne, car ça me touche plus directement que la religion des chiens ou les bouteilles de Coca Cola. Qu’importe, pour Moullet les hypermarchés sont les cathédrales des temps modernes, il faudrait visiter un hypermarché comme on visite une église dit-il. Auchan, Intermarché, Leclerc, Cora, Mammouth, Tang frères, Atac, tout y passe, on compare les logos, les slogans, les couleurs, les pancartes promotionnelles – Avec une nette préférence pour le Carrefour de Toulouse, ses vingt-quatre mille mètres carré et ses quatre-vingt-douze caisses que Moullet viendra immortaliser dans un impressionnant travelling. Quelques instants sur les rayons, leur longueur, leur hauteur, les têtes de gondoles et bien entendu les caddies, leurs jetons, leurs clés. C’est la satire d’un monde qui semble se gargariser de victimiser sa clientèle, tout en leur faisant croire qu’ils sont maîtres de leurs choix, ce qui provoque un constat on ne peut plus amer : Les enseignes vantent les mérites de la nature, de la culture mais rien ne va dans ce sens : Une rangée de livres est observée à travers un pneu. La musique dans les magasins semble aussi participer au pouvoir de séduction. Moullet regrette de n’avoir pu filmer les caisses automatiques des supermarchés qui désormais pullulent. C’est comme la religion du chien, quelque part, il existe la religion de l’hypermarché mêlé à la religion du toujours plus : plus grand, plus rapide, plus de choix, plus d’achats, plus absurde. Si ce Moullet me parle moins, il est toujours aussi éloquent, évidemment.
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