Avengers, Infinity war – Joe & Anthony Russo – 2018

15. Avengers, Infinity war - Joe & Anthony Russo - 2018Le mur porteur de l’édifice.

   7.5   Plus je (re)vois les films de la MCU, plus je les réhabilite ou tout du moins cerne leur existence au sein de cette interminable entreprise qu’est « The Infinity Saga », qui une fois qu’elle sera bouclée, englobera donc vingt-trois films – tous sortis durant ces onze dernières années – qui parfois se seront recoupés outrageusement (Dans le beau Civil war, notamment), parfois plus discrètement, le temps d’insérer un nom, un visage, parfois seulement pour une scène intra ou post générique.

     Il y a peu de temps encore, je n’y éprouvais aucun intérêt, aucun désir de tout raccorder – D’autant que je ne connais pas l’univers des comics et que je découvre les films dans le désordre – au mieux un petit plaisir immédiat, indépendant – J’avais plutôt apprécié Iron Man, à l’époque. Black panther (vu en février cette année) changea un peu la donne. Mais Spiderman, Homecoming fut le premier vrai tournant. Ça remonte à pas si longtemps, c’était en décembre dernier. J’ai toujours apprécié ce personnage plus que les autres, et de le voir pris dans quelque chose de plus large, avec les Avengers, de relier son esprit geek avec leurs caractères à tous, son humour avec celui des autres, d’un coup ça me plaisait beaucoup. 

     Il me fallait toutefois revoir et un peu réhabiliter les deux premiers Avengers avant de plonger dans Infinity war. Depuis j’ai vu les très chouettes films sur Ant-Man et les nettement moins chouettes films sur Thor. Il faudrait que je boucle les aventures de Thor (Ragnarok) et que je revoie Les gardiens de la galaxie, que je poursuive l’aventure Captain America, que je découvre Captain Marvel. J’ai du pain sur la planche.

     Mais là je voulais voir Infinity war, c’était ma priorité. Sans doute car j’ai pensé que si ça me plaisait j’irai voir la seconde partie qui sort ce jour – Mon premier Marvel en salle. Allez je ne vais pas y aller par quatre chemins, j’ai adoré. Avengers, Infinity war, troisième volet des films Avengers et dix-neuvième opus de la franchise a tué le game, mis la saga entière au tapis. Au point de donner raison d’exister aux précédents films – qui franchement parfois faisaient bien pitié – qui demandaient en réalité à converger vers lui, première partie d’un incroyable ( ?) bouquet final.

     Une ribambelle de super-héros réunis pour affronter un méchant hors pair, Thanos, qui leur vole la vedette puisqu’il est Le personnage fort de cet opus. Celui qui cristallisait toutes nos attentes tant il était teasé dans nombreux des films précédents. Teasing à la hauteur de l’impact qu’il laisse ici, puisqu’il est partout et réussit tout ce qu’il entreprend, SPOILER ON jusqu’à voler les pierres et réussir pleinement son entreprise de destruction dans un final d’une force et d’une cruauté terrible au point que l’on se demande comment il est possible que les studios aient laissé faire ça, de cette manière-là. Laissé tuer la moitié de l’humanité et donc par la force des choses la moitié de nos super-héros.

     D’aucuns diront qu’on va les revoir. Evidemment, mais qu’importe, l’image reste, le geste aussi, jusque dans la scène post générique, qui désintègre Nick Fury et Maria Hill mais demande d’ores et déjà à compter sur Captain Marvel. Les théories ont dû enfler de toute part depuis un an, j’imagine. Je m’en fiche un peu, à vrai dire, mais punaise j’en veux davantage, quoi. Car au-delà de cette fin c’est tout le film qui est d’une véritable noirceur narrative – malgré les toujours disséminés traits d’humour de la franchise – puisque Thanos gagne tout.

     Les Avengers eux-mêmes – alors qu’ils avaient déjà bien galéré à faire front ensemble face à Ultron – sont totalement désynchronisés, à, l’image de Steve Rogers et Tony Stark qui se font la gueule. Thor n’a plus de marteau, Captain America plus de bouclier, quant à Banner il ne parvient plus – Et n’y parviendra pas, enfin pas avant Endgame en tout cas – à faire venir Hulk. Le d’ores et déjà célèbre claquement de doigts final scelle ce fort climat de lose qui règne 2h40 durant. SPOILER OFF

     Et même au-delà de ça encore, le rythme et la mise en scène n’ont jamais été aussi brillants, point barre. Il y a une grande limpidité dans le passage d’une planète à une autre, déjà parce que chacune d’elles tient une vraie identité visuelle, mais aussi car le récit prend le temps de s’y implanter. Le montage est plus clair, plus posé. L’image ne fait pas mal aux yeux comme dans Thor, le monde des ténèbres.

     C’est un plaisir permanent, dans ses réjouissantes multiples retrouvailles du premier acte du film, comme durant les nombreux affrontements, en rupture avec l’héroïsme habituel. Le combat à New York entre Ebony Maw et Dr Strange avec celui qui déforme la matière et balance des blocs de béton partout et celui qui ouvre des portails dans tous les sens, est hyper impressionnant. La suite souffre un peu de ce superbe combat pour être honnête, mais le film se reprend vite, notamment grâce à Thanos mais aussi parce qu’on y croise Peter Dinklage en nain géant. Bref.

     Le choc est tel qu’il m’a décidé à entamer un marathon de rattrapages Marvel. Pour le meilleur et le pire, je le sais, mais qu’importe. Je l’ai déjà dit j’ai depuis beaucoup aimé Ant-Man et sa suite avec la Guêpe, pas trop Thor et encore moins celui qui suit. J’ai été impressionné par Civil war. J’essaie de me faire Ragnarok dans les heures à venir. Et je reparlerai de tout ça bientôt. Car finalement je le reçois un peu comme je reçois une série, c’est moins un épisode (en l’occurrence un film) en particulier que la vue d’ensemble que chacun génère qui m’intrigue.

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