Fragile love in New York.
6.0 C’est un beau film, cru, précis, sans ornements musicaux, nourri à la longue focale, ce qui en fait un objet bien loin d’autres films prenant la drogue comme décor, inutile de les citer. Celui qui s’en rapproche et qui je pense lui doit beaucoup c’est Mad love in New York, des frères Safdie. Mais en définitive je crois préférer le foisonnement créatif des Safdie, défauts compris, au réalisme brut et répétitif de Panique à Needle Park, qui certes s’embarrasse peu de romanesque, c’est bien, mais qui échoue aussi dans sa production de réel, avare qu’il peut être dans son style, son image. Il est rare qu’une scène dure. Il n’est pas si évident de se souvenir d’un lieu traversé tant chacun d’eux semblent respirer pareil et naviguer dans les mêmes teintes monochromes de rues tristes et appartements décatis. Les visages eux-mêmes sont un peu oubliés. Chez les Safdie il y a de la vie, de la chaleur, du mouvement. Dans Macadam cowboy et Permanent Vacation aussi, je les cite puisque j’ai pensé à eux, sans doute parce que ce sont aussi des films qui font glisser leurs personnages dans un New York désillusionné. Il y a une scène au mi-temps du film de Jerry Schatzberg emblématique et symptomatique de l’ensemble : C’est le premier shoot d’Helen. Le ton est plus indolent, naturel, silencieux, on entre dans son attirance et son désarroi. C’est un zombie par amour. Elle se shoote pour entrer dans le monde de Bobby. Mais au lieu de nous inviter à ce voyage, Schatzberg coupe, nous emmène dans la rue durant la scène suivante, où Bobby découvrira en observant le regard d’Helen qu’elle est passée de son côté. Le film n’est jamais assez radical. On pense parfois qu’il va l’être, mais il se dégonfle. C’est un beau film, malgré tout. Mais je suis un peu déçu, j’en attendais une montagne.
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