Le jeu de l’assassin.
5.0 Le film s’ouvre dans une ambiance bon enfant, puisque Jules Berry et Michel Simon sont Hector et Achille, deux comédiens de seconde zone, qui fomentent une histoire de meurtre afin d’attirer les projecteurs sur eux. Achille serait l’assassin qui attirerait la police vers lui tout en niant les faits. Hector serait la victime qui disparaît et réapparaît au moment du procès, leur affublant la notoriété d’une erreur judiciaire. Evidemment ça ne va pas du tout se passer ainsi. C’est d’abord très drôle de voir Michel Simon échouer dans sa mission, incapable de jouer ce rôle que son ami a imaginé pour lui autant qu’il était incapable de jouer celui que le metteur en scène lui avait au départ attribué sur les planches. Pendant ce temps, Hector est en Belgique et envoie des lettres de menace à son copain en espérant chaque lendemain avoir des nouvelles de sa mort dans les journaux. En vain. Le film, durant cette première partie, est plutôt attendrissant mais très plan-plan, tout repose sur le jeu décalé, trop proche de Boudu ou du Père Jules, en un sens, de Michel Simon. Mais un moment donné, tout s’accélère. Et le film dont on attendait la petite pirouette, vire au récit cauchemardesque avec un Hector enlevé par la police polonaise qui le confond avec général révolutionnaire russe tandis qu’Achille est bientôt condamné à mort. Ok le film va bien se terminer, mais il faut voir comment il parvient à générer une angoisse et un crescendo hyper efficace alors qu’il était si programmatique au départ. Rien que pour ça, c’est à voir.