Les quatre-vingt balais.
7.0 C’est par ce film – découvert en salle à l’époque de sa sortie – que j’avais fait connaissance avec le cinéma d’Agnès Varda. Fallait bien commencer quelque part. Mais ça n’avait pas grand sens puisque Les plages d’Agnès est un retour kaléidoscopique sur l’ensemble de son œuvre. Pourtant ça m’avait beaucoup plu. J’aimais son énergie, son ton, son égocentrisme attachant, son côté bricolé, sa manière de sauter d’une anecdote à l’autre, sa façon de danser avec le passé. J’en gardais un excellent souvenir et je suis ravi de l’avoir revu, là dans la foulée de la causerie Varda par Agnès, tant il représente son miroir déformé. Déformé par le temps.
On y parle du mouvement des femmes et de L’une chante, l’autre pas. De son passage aux Etats-Unis (Pour suivre Demy qui y tournait Model shop) et donc de son film sur les Black panthers. De son installation sur les patates et bien entendu de son film Les glaneurs et la glaneuse. De son désir de revenir à la fiction (Sans toit ni loi) et de s’imposer le travelling comme elle s’était jadis imposé le temps réel dans Cléo de 5 à 7. D’évoquer Jacques, son Sida et faire Jacquot de Nantes qui sortira pile au moment de sa mort. De son état de veuve en évoquant ces Quelques veuves de Noirmoutier. De sa rue, avec Daguerréotypes. C’est un film qui se souvient. Tant qu’il est encore temps. « Je me souviens pendant que je vis » dit Varda, un moment donné.
Si le plus émouvant c’est de constater combien c’est un film qui parle de Jacques Demy, qui se souvient de lui, en permanence, c’est très étrange de le revoir aujourd’hui après le départ de Varda. Demy et Varda ne sont plus. C’est ce lourd sentiment qui s’impose brutalement, lors du générique final. L’impression que la dernière page d’un livre magnifique, riche, aventureux, moderne et bouleversant, se ferme, avant les deux beaux épilogues que seront Visages, villages et Varda par Agnès.
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