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Archives pour 8 mai, 2019

Synonymes – Nadav Lapid – 2019

08. Synonymes - Nadav Lapid - 2019Paris est à lui.

   7.0   C’est Paris qui inspire tant Nadav Lapid ? Car si L’institutrice et surtout Le policier étaient des films plutôt intéressants, ils ne parvenaient jamais à s’affranchir d’une pose embarrassante et d’une roublardise d’auteur séducteur. Ça faisait films de festival. Et c’est pourtant Synonymes qu’on coiffe d’un Ours d’or. Pourtant c’est un film qui me parait plus brinquebalant et dispersé pour marquer dans les festivals. Enfin tant mieux.

     Dans la séquence d’ouverture, on suit Yoav, jeune israélien, dans son arrivée parisienne. Il découvre l’appartement aussi immense qu’il est gelé – ça raconte déjà tout le film – dans lequel il va provisoirement loger. Mais il se retrouve nu après qu’un mystérieux voleur lui ait dilapidé ses vêtements quand il prenait sa douche. Il faut voir l’énergie et la magie de la réalisation, cette manière d’utiliser cet appartement, les sons de cet appartement, la façon de filmer le corps du garçon, de l’entendre crier, sangloter. Alors, Yoav s’en va mourir de froid dans la baignoire. Sa résurrection nait d’une rencontre, avec ses voisins, poètes aussi libres que tristes, qui lui offriront de l’argent et un incroyable manteau orange (que Yoav ne quittera pas) en échange de ses mots et de sa présence.

     Si je suis sorti de Synonymes avec un sentiment aussi mitigé qu’impressionné, cette scène me hante depuis plusieurs semaines, j’aimerais revoir le film ne serait-ce que pour son premier quart d’heure. Pour le reste, j’y vois plein de défauts, de gras, de choses qu’on aurait préférées voir traiter autrement, mais il y a surtout milles idées, c’est un film qui fourmille dans chacun de ses plans. C’est à la fois l’essai du cinéaste israélien le plus facile d’accès mais aussi son plus radical, c’est très fort ça. Et le personnage participe de ce paradoxe, il est à la fois très proche et très antipathique, son regard fascine et terrifie, ses palabres sont risibles ou géniales, sa silhouette se perd dans le monde mais sature chacun des plans. Quand il débarque, il achète des cartes postales de Bonaparte, Paul Pogba et Kurt Cobain. C’est le parfait électron libre. Et Tom Mercier, l’acteur qui l’incarne, est d’ores et déjà inoubliable. La forme du film se cale sur lui, sur ce personnage, chaque plan, chaque mouvement de caméra, en permanence.

     Pour moi il y a la même urgence, le même désir de cinéma fou que dans Holy motors, de Carax, c’est pourquoi il divise tant (Le caissier m’a d’ailleurs souhaité « Bon courage » appuyant sur le fait que les gens sortent des salles par wagons, parfois en colère. Je note que lors de ma séance, nous étions cinq et nous sommes tous restés) et c’est pourquoi il me divise aussi. Mais tant mieux, ça change. J’adore les films qui m’agrippent émotionnellement de la première à la dernière image, là je me retrouve face à complètement autre chose, un film qui me chope puis me perd, me sidère puis m’embarrasse, me passionne puis m’ennuie. Mais avec une telle envie de cinéma partout qu’on vit cela comme une expérience insolite. Pas certain d’aimer ça entièrement donc, mais ce que j’aime dedans je l’aime beaucoup, beaucoup.


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