Les bonheurs de Sara.
6.5 Je n’ai pas lu le roman de Burnett, classique de la littérature enfantine dont le film est l’adaptation mais ce qui frappe en premier lieu c’est la double noirceur du récit en filigrane – Une fillette élevée en Inde est placée dans un orphelinat londonien par son père, un officier qui s’en va combattre les allemands durant la première guerre mondiale ; Et plus tard, lorsque le père est porté disparu, la directrice de l’internat est plus sévère avec la jeune Sara dorénavant sans le sou – et la légèreté de cette peinture du monde de l’enfance. Et c’est cette alchimie, cet équilibre subtil permanent qui rend le film touchant, demande à vivre les quatre cents coups des gamins et à entendre – puisqu’il est hors champ – le récit des guerres des grands. La valeur ajoutée c’est bien entendu la réalisation de Cuarón, qui au moyen d’un imaginaire puissant, merveilleux, gothique, mais aussi de plans très composés, de magnifiques éclat visuels, insuffle une fraicheur bienvenue. C’est vraiment un superbe film sur l’enfance pour les enfants. Et ça permet de mieux comprendre pourquoi JK Rowling pensa à Cuarón en lui confiant les « reines » du troisième opus de la saga Harry Potter, lequel, il n’y a pas de secrets, restera largement le plus beau d’un point de vue strictement technique.