Monsieur Papa.
5.5 « Alors qu’il s’apprête à être père, David Wosniak, éternel adolescent de 42 ans, découvre être le géniteur anonyme de 533 enfants déterminés à le retrouver. »
Ce pitch magnifique. S’il fallait donner un prix du meilleur pitch, celui-ci aurait largement sa chance. C’est d’ailleurs tellement un super pitch que le film fut racheté par les Etats-Unis, l’Inde et la France, pour en faire des reprises. Chez nous, c’était donc Fonzy, d’Isabelle Doval, avec José Garcia. Pas vu, mais j’imagine que je ne rate rien.
Starbuck c’est donc David Wosniak. Enfin, c’était le pseudonyme sous lequel il avait fait don de son sperme à maintes reprises deux décennies plus tôt. Avant de redevenir Starbuck, enfin celui animé par l’envie de faire l’ange-gardien auprès de ses enfants biologiques – qu’il parvient à croiser puisqu’il a les noms de tous ceux qui lui intentent un procès pour anonymat abusif – il fait le livreur dans la boucherie de son père, joue dans le club de foot du village, est couvert de dettes auprès de types louches et n’est pas hyper excité à l’idée d’avoir un gamin sur les bras quand il voit son pote avocat galérer avec ses quatre chiards.
C’est en trouvant un bel équilibre entre les possibilités offertes par son pitch, son besoin de quasi systématiquement retourner un moment glauque ou grotesque par l’humour, et la prise de conscience de son personnage, que le film se révèle très attachant. Très drôle surtout, il suffit d’évoquer cette scène nocturne, chez son pote, à qui il avoue son désir d’avoir un enfant, tandis que ce dernier est blasé de voir ces gamins, un par un, se lever et se coucher dans le bac à sable du jardin. Le film a de vrais pics burlesques, souvent générés par la force de ses dialogues et la présence de ses personnages masculins, volontaires, maladroits et pas suffisamment responsables pour être père, un peu comme dans un film d’Apatow.
Le pitch génial contamine bientôt le scénario, plutôt malin, même si le film a la fâcheuse tendance à raccourcir certains points, comme la partie procédurière. Mais c’est bien l’évolution de ce personnage qui préserve l’intérêt du film, puisque la réalisation de Ken Scott n’a aucun relief sinon de jouer la carte du feel-good movie pop quelque part Guillaume Gallienne et Jean-Marc Vallée, pour donner une petite idée de l’atmosphère et de l’esthétique publicitaire.
Ça reste donc un film plutôt mignon et attachant, doublé d’une belle réflexion sur l’anonymat du don de sperme malgré la portée comique dans laquelle cette réflexion s’installe, bref un film dont on comprend pourquoi il a tant cartonné, mais aussi un film qu’on oubliera d’un claquement de doigts. Un film dont on se souviendra seulement du pitch, sans doute.