La toile des illusions.
5.5 Homecoming avait offert un vent de fraicheur à cette saga, on y découvrait un parfait Peter Parker, sous les traits de Tom Holland, largement plus jeunes que les précédentes incarnations Tobey McGuire ou Andrew Garfield. On y découvrait un univers de lycée, c’était léger, plutôt cool, pas trop bourrin – deux séquences seulement lâchaient les chevaux, en bien (Le Washington Monument) ou en moins bien (le ferry). On ne retrouvera pas cette fraicheur ici, sans doute parce qu’Endgame est passé par là, mais pas seulement, tout est plus lourd, dans l’action, dans les blagues, mais aussi dans la (triple) partie romcom. Ce qui est plutôt touchant et réussi, c’est paradoxalement ce qui dessert le film en tant qu’opus Spiderman. C’est plutôt un nouvel Iron man, en fait. Un Iron man post scriptum, un Iron man sans Tony Stark. Il n’est plus là mais il est partout, dans le masque de tristesse arboré par Peter Parker, dans l’imposante présence d’Happy Hogan, dans le McGuffin que joue l’apparition des lunettes EDITH et forcément dans le méchant, qui vient pour s’en emparer. L’idée c’est aussi de trouver un héritier à Iron Man. Et cette partie-là est plutôt bien agencée, entre l’initiation de Peter et ses doutes, sa relation avec Mysterio. Ensuite, dès l’instant que les masques tombent, le film est plus évasif dans ce qu’il tente. Les divers affrontements – à Venise, Prague ou Londres – sont pas hyper bien chorégraphiés. Mais parmi ces déceptions il y a tout de même une scène ahurissante, un truc complètement dingue, vertigineux, osé – comme si d’un coup le MCU se fichait de plaire à tout le monde : Peter Parker est balloté dans les illusions du méchant, affronte d’autres Spiderman, voit Stark sortir de sa tombe, avant de percuter un train. Franchement, c’est sans doute aussi bordélique que les scènes multidimensionnelles dans Docteur Strange mais moi ça m’a surtout fait penser à la séquence du tunnel dans le Vice Versa, de Pixar, à l’intérieur duquel les personnages deviennent des aberrations cubistes. Vraiment, à cet instant-là, je me suis demandé ce qui traversait les méninges de mon fils, assis à côté de moi, mi éberlué mi interloqué. C’est pas grand-chose, ça dure pas longtemps d’ailleurs, mais dans un circuit aussi mainstream que le MCU, ça surprend. Bref, j’ai trouvé le film plutôt attachant dans l’ensemble, mais aussi un peu trop dans la facilité, comme en témoigne la relation entre Ned & Betty. Je regrette qu’on nous tease sur le multivers (Fury qui annonce à Parker que Mystério vient d’une autre Terre) pour ne rien en faire sinon offrir cette petite friandise finale qui cite la trilogie de Sam Raimi. Enfin j’imagine qu’on va y venir, qu’on a évoqué le multivers pour le développer plus tard, comme on avait évoqué la physique quantique dans Ant-man (qui clôturait la phase II) pour l’exploiter en phase III. On verra.