Welcome to the obsolete world.
6.0 C’est toujours aussi impressionnant, exclusif, avant-gardiste, démesuré, tout ce qu’on voudra. C’est probablement le plus stimulant bug cinématographique de l’histoire des blockbusters. Qu’importe, je me rends compte, une fois de plus, que je n’arrive pas à aimer cela. Enfin pas comme je le voudrais. J’ai pensé que ça me ferait aujourd’hui ce que m’avait fait la redécouverte de Blade Runner l’an dernier. En fait non. Je trouve qu’il y a un tas de promesses et de sidération dans la première heure puis que tout se disloque dans quelque chose de bien trop confus, nébuleux, paresseux, autosatisfait, où la mise en scène repose sur une tonne d’effets et de tics, sans doute exaltants il y a vingt ans, mais tellement surannés dorénavant. C’est trop froid pour laisser place à un semblant d’émotion. C’est un bel ovni, ça oui. Mais pour moi ça n’atteint jamais le dixième de la puissance émotionnelle d’un autre ovni, signé aussi des Wachowski, mais dans le monde des séries : Sense8.
En fait le film est très décevant sitôt qu’on choisit la pilule. Il y a une vraie volonté d’abolir la frontière entre le personnage et le spectateur à cet instant-là. Sommes-nous prêts à voir le film autant que Néo est prêt à voir le monde réel ? Et c’est sans doute ce qu’il rate, car il y a une réelle curiosité à ce moment-là mais elle se délite très vite. En définitive, on se demande si on n’aurait pas mieux fait de choisir la pilule bleue, mieux fait de regarder un autre film. Mieux fait de suivre un autre lapin et de revoir Alice au pays des merveilles. Le voyage est moins tenu que les présages de son scénario, en somme.
Ceci étant, j’aurais toujours de l’admiration et de l’attachement pour ce Matrix premier du nom car c’est le premier film qui m’a fait écumer tout un tas de forums, puisque je l’ai découvert tardivement et que j’avais raté les débats dans la cour du collège. Et dans mon souvenir c’était très prise de tête ce qu’on en disait, dans la cour du collège ou sur les forums. Mais c’est une complexité qui débouche sur du vide, blindé d’aphorismes pour se donner un genre, sur expliqué, sur souligné, sur démontré, alors que le film s’offre tellement mieux dans l’image. J’ai toujours l’impression qu’il est une sorte de film ultime pour ados. Mais pas l’ado sympa qui veut juste s’éclater devant Star Wars, ou Avengers, non plutôt le relou qui se croit plus malin que les autres. Enfin voilà, c’est une dystopie qui fait parler après coup, extrapoler, disserter. Vibrer pendant, beaucoup moins, déjà : Je m’y ennuie assez, en fait. Ou plutôt c’est un film que j’aime par intermittences. Beaucoup au début, puisque je m’identifie à Néo. Plus vraiment au centre car je ne suis plus qu’un spectateur lointain. Et par instants dans sa dernière demi heure : OUI à la séquence du sauvetage de Morpheus, BOF à celle de l’avènement de Néo.
Pour autant, j’y repense souvent. J’espère qu’il traversera aussi bien le temps que les grands films de science-fiction car sur le papier il a l’étoffe des grands récits d’anticipation à la K. Dick. Je l’avais revu il y a sept ans, seulement sept ans finalement, et pourtant voilà un moment que j’éprouvais le besoin de le revoir. En revanche, jusqu’à maintenant je n’avais jamais ressenti le besoin de me coltiner les opus suivants – Fallait pas trop déconner non plus. Affaire à suivre, donc. Quoiqu’il en soit, si on enfile le costume adéquat, Matrix, premier volet impressionne encore.
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