Les damnés ?
7.0 Bien voire très bien, mais pour une raison que j’ignore je trouve que c’est la saison la plus faible : Il faut dire que les saisons 2 et 3 comptent parmi ce que j’ai vu de plus beau dans ma vie de sériephage. J’étais moins dedans, disons. Si j’aime beaucoup découper mes visionnages de saisons (Ce que je fais pour mes rattrapages de Urgences ou Mad Men, par exemple) ici j’ai dû faire une pause d’un mois au milieu, avant ou après l’épisode 6, je ne sais plus, ce qui n’est pas super bon signe me concernant. Disons que cette saison m’a parfois ennuyé là où les précédentes m’avaient laissé sur le carreau. Ceci étant, ça reste de très grande qualité.
En guise de semblant de piste de cette semi-déception, un ami m’a dit ceci : « Il semble que Rochant commençait à être très fatigué après avoir signé trois saisons de grande qualité en tout juste trois ans; il a voulu déléguer et confier les rênes de la série à d’autres mais ça n’a pas marché et il est donc revenu au travail quasiment dans l’urgence, ce qui se perçoit un peu dans la saison ». Que ça se vérifie ou non, c’est intéressant car je n’ai pourtant pas vraiment senti une baisse de qualité d’écriture ou de mise en scène, à priori, mais j’ai senti une baisse d’intérêt de ma part, ce qui doit bien être généré par quelque chose. J’ai cru que « c’était moi » mais peut-être pas tant que ça apparemment.
Cette saison gagne en mécanique de guerre-cybernétique ce qu’elle perd en aura romantique. Il reste bien quelques miettes, puisque Malotru rencontre la belle Samara, Marina n’a bientôt d’yeux que pour Misha, et que l’on sait tout ça terriblement fragile, mais la crainte de l’effondrement (la perte de personnages, la mort du service) est tel qu’on s’effondre nous aussi. L’égarement touche tout le monde : Les personnages, le récit, le spectateur. Les flashbacks employés à de nombreuses reprises participent de cet égarement : Ils ne fonctionnent pas vraiment, soit ils sont trop explicatifs, soit beaucoup trop confus.
Deux terrains fonctionnent mieux que les autres. D’abord la terre syrienne, avec Jonas (Artus) et Jean-Paul (Grégory Fitoussi, pas si évident de reconnaitre notre Pierre Clément d’Engrenages) où la série trouvera donc ses meilleures inspirations, entre sommets d’angoisse et superbes scènes d’entretiens. Ensuite en explorant la cyberguerre avec les russes, offrant une place de choix à Sylvain (le toujours parfait Jules Sagot) ainsi qu’à César (Stéfan Crepon) jeune hacker choisi pour infiltrer le réseau moscovite. En revanche, tout ce qui se joue dans les bureaux de la DGSE ennuie poliment. A moins que ce soit la faute à l’arrivée de JJA qui vampirise tout.
Ce qui est plutôt réussi, réaliste mais in fine antiromantique, c’est justement l’intervention de ce personnage incarné par Mathieu Amalric, directeur du service de contre-espionnage et enquêteur au sein de la DGSE au point qu’il va traquer un réseau fragilisé (qui vit encore dans le deuil d’Henri Duflot) et lui révéler ses failles. C’est un personnage infect pour le spectateur puisqu’il menace notre galerie de personnage, les réduit à l’irresponsabilité (le sauvetage de Debailly coute que coute) et fragilise leurs différents pouvoirs à nos yeux au point de nous faire vivre, comme eux, un véritable purgatoire. Son imposante présence est à double tranchant, un peu à l’image de cette saison, qui à mes yeux restera en demi-teintes.
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