Publié 6 septembre 2019
dans Olivier Assayas
Les destinées littéraires.
5.0 Qu’importe le genre, l’idée, le monde qu’il s’échine à peindre, il y a une musicalité dans le cinéma d’Assayas qui me parle systématiquement, même dans ses films les plus ratés et/ou ennuyeux. Ici c’est le cas, le film est trop bavard, trop étiré dans le vide : je me fiche de tout ce qui tourne autour du milieu de l’édition (des discussions sur la place de l’e-book, l’autofiction, la post-vérité), des rapports entre l’écrivain et son éditeur, pire des rapports croisés de l’un avec la femme de l’autre, mais il y a un certain débit dans le vaudeville qui me séduit, une interprétation qui se répond bien alors que sur le papier Binoche/Canet/Macaigne j’y croyais pas du tout.
Et surtout Doubles vies m’a ému grâce au personnage de Nora Hamzawi, notamment la toute fin. Bref le film je l’aurais vite oublié (comme j’avais très vite oublié Fin août, début septembre (1998) mais il me faudrait le revoir) mais c’est loin, très loin d’être la purge qu’on me vendait. Il y a de gros moments de gêne, c’est vrai – la scène où l’on parle de Juliette Binoche, entre autre – mais le film reste relativement bienveillant avec chacun de ses personnages et sur une note homogène ce qui l’éloigne fort heureusement de cet autre film mondain récent, aussi avec Binoche, qu’était Un beau soleil intérieur.
Publié 6 septembre 2019
dans Louis-Julien Petit
Les femmes de la rue.
4.0 Autant j’avais été séduit par Discount, le précédent film de Louis-Julien Petit – avec une troupe d’acteurs similaires d’ailleurs – car malgré sa facture de feel good movie banal le film faisait exister ses personnages. Là c’est le contraire, je trouve que tout est raté. Les personnages semblent sortir d’un catalogue. Ou plutôt ils ne sont pas si différents du précédent film, mais nettement plus stéréotypés ou mal incarnés, au choix. En effet, on a l’impression que nos employés de supermarché discount sont arrivés dans ce centre d’accueil pour femmes sans abri. Il faut d’ailleurs dire que le film choisi de mélanger des comédiennes professionnelles (Lamy, Masiero, Lvovsky, Lukumuena) avec des femmes ayant vécu dans ces centres d’accueil. Et ça ne fonctionne pas. D’autant que je vois le syndrome Polisse en permanence : Il faut de la vignette. Un peu de cynisme mais pas trop, un peu de virulence mais pas trop. Une scène touchante est systématiquement compensée par une scène truculente afin de passer du rire aux larmes et vice-versa. Et surtout, le plus désagréable là-dedans c’est l’obsession pour la petite vanne, qui fait rire les autres personnages (pour nous dire de rire aussi) ça n’arrête pas, c’est pénible. Bref, On n’a pas forcément envie d’en dire du mal, car il y a une envie d’éclairer les invisibles du monde, avec un regard chaleureux, mais le film en lui-même n’est vraiment pas terrible.