Riding for the feeling.
7.5 Je voulais revenir sur un petit coup de cœur. Un grand « film minuscule » tourné en douze jours, sorti en catimini en 2013 (39 097 spectateurs en France, m’apprend Wikipédia. J’étais seul lors de ma séance, de mémoire, donc c’est raccord) devant lequel j’avais terminé en lambeaux, que j’ai revu quelques temps plus tard, chez moi, avec un plaisir intact.
Je ne l’ai pas (re)revu depuis mais cet été, je suis tombé sur son remake français, Et ta sœur, de Marion Vernoux, avec Virginie Efira, Géraldine Nakache et Grégoire Ludig. Evidemment, je ne savais pas qu’il était son remake français jusqu’à ce que je tombe dessus. Je dis « tombe dessus » car je ne me suis pas installé devant, j’ai vite compris que le « calibre téléfilm France télévision » n’allait pas me convenir, malgré ma légère faiblesse-attirance concernant son plutôt chouette casting. Ça ne fonctionne pas, ça se voit très vite, c’est comme ça. Sans doute car le côté romcom indie de l’un ne s’injecte pas dans l’autre.
Si dans mon souvenir, l’image n’est pas formidable – Et c’est dommage car il y a une forêt à filmer – le film est plutôt ingénieux dans sa mise en scène, puisqu’il varie les plans larges et moyens, les intérieurs et les extérieurs, évite l’aspect théâtral que le huis clos peut très vite provoquer. Il me semble pourtant que cette « image sale » crée une intimité avec le spectateur – avec moi, en tout cas : C’est un film qu’on veut garder pour soi, en fait – qui me rappelle le Bergman de L’attente des femmes, ou de Scènes de la vie conjugale. J’ai le souvenir d’avoir navigué dans une atmosphère particulière, comme si j’écoutais un disque de Damien Jurado, de Bill Callahan. J’adore le climat automnal qui s’en dégage, même s’il est assez peu mis en valeur.
Mais le film brille évidemment ailleurs, pour sa finesse d’écriture, la variation de ses plans, leur durée, ainsi que pour sa subtile triple interprétation. Tous trois sont extraordinaires, vraiment. Mais si ce trio est absolument parfait, je suis surtout définitivement tombé amoureux de Rosemarie DeWitt, déjà magnifique dans non moins sublime Promised land, de Gus Van Sant, sorti la même année.
Concernant Lynn Shelton, réalisatrice et scénariste ici, je me suis rendu compte que je lui connaissais un autre film, Humpday, rigolo mais plutôt lourd. Je me souviens d’une esthétique plus ingrate qu’ici encore, avec une succession de gros plans tournés caméra à l’épaule. Bizarre d’aimer à ce point l’image dégueulasse. Dans celui-ci il y avait aussi des choses intéressantes dans l’écriture, c’est l’émotion qui ne suivait pas. Et le plus drôle dans tout ça c’est qu’Humpday avait déjà fait l’objet d’un remake français : Do not disturb, d’Yvan Attal, avec lui-même et François Cluzet. Je n’avais pas osé.
Bref, Your sister’s sister est un bel antidote, un beau médicament comme je les affectionne.
Je ne vais pas tarder à le revoir, tiens.