Le premier jour du reste de sa mort.
5.0 Voici le résumé, très bien, que l’on trouve sur Wikipedia : « Dans une bibliothèque située au cœur de la Bretagne, une pièce regroupe les manuscrits refusés déposés par des auteurs inconnus. Une jeune éditrice y découvre un manuscrit extraordinaire qu’elle décide aussitôt de publier. Le roman devient un best-seller. Mais son auteur, Henri Pick, un pizzaïolo breton décédé deux ans plus tôt, n’aurait selon sa veuve jamais écrit autre chose que ses listes de courses. Persuadé qu’il s’agit d’une imposture, le célèbre critique littéraire Jean-Michel Rouche décide de mener l’enquête, avec l’aide inattendue de la fille de l’énigmatique Henri Pick. »
Si je n’ai pas encore vu Zarafa, son film d’animation ni compris ce qu’il avait voulu faire avec Nos futurs, il y avait dans les trois premiers longs métrages de Rémi Bezançon une fraicheur qui me séduisait. La direction d’acteurs, la mise en scène dynamique, l’écriture globale, tout cela rehaussait chaque fois des films qui auraient pu sombrer dans le tout-venant. Avec Le mystère Henri Pick, adaptation d’un bouquin de David Foenkinos, il ne retrouve pas complètement ces promesses, mais le film séduit par sa légèreté. S’il ne réussit pas tout, loin s’en faut, il a le mérité de canaliser Luchini, déjà, plutôt de l’utiliser autrement ; Sans pour autant qu’il soit à contre-emploi, mais qu’il déploie ses gammes dans un geste moins verbeux, plus ludique. C’est intéressant d’un point de vue théorique par ailleurs puisque le film s’ouvre sur le plateau télé d’une émission littéraire avec une caricature de Luchini, sorte de journaliste critique très hautain, avant de le transformer en petit détective orgueilleux qui veut juste avoir raison – Il est persuadé que le livre n’a pas été écrit par ce pizzaiolo mystérieux – afin de sauver le peu qu’il puisse encore sauver, puisque sa petite provocation lui aura couté son boulot et sa femme.
C’est d’ailleurs lorsqu’il fait équipe avec Camille Cottin – qui incarne la fille d’Henri Pick – que le film retrouve des couleurs – car il s’emblait s’enliser – et ce n’est pas un hasard s’ils se voient, pour rire, en Sherlock et Watson, puisqu’il y a de cela dans la trame, du mystère et du buddy movie, et une légèreté qui rappelle un peu les comédies de Pascal Thomas, inspirées d’Agatha Christie. Comme elles, ça reste un film tout à fait charmant, donc, mais parfaitement anecdotique. Il a au moins l’attachant mérite, de tenter de lier dans un geste naïf des mondes qui normalement ne fusionnent pas : L’écrivain raté et l’intérêt critique, le manuscrit refusé et le succès public. Dommage qu’il vienne à bout de l’enquête de façon assez paresseuse et ne choisisse pas de préserver un peu de doute, de mystère.