Le voyage (sur)gelé.
6.0 Lors d’un voyage interstellaire vers une planète colonisée, la collision du vaisseau avec un champ d’astéroïdes provoque un dysfonctionnement qui réveille l’un des occupants des cinq mille modules d’hibernations. Jim Preston découvre bientôt qu’il est seul (Et Chris Pratt n’a plus vraiment la tronche d’un Gardien de la galaxie, quoique…) mais surtout qu’il s’est réveillé de sa biostase quatre-vingt dix ans trop tôt, autrement dit qu’il n’a aucune chance d’atteindre sa destination. Devant l’impossibilité de contrecarrer cette fâcheuse situation – puisque les robots à bord ne sont pas formés pour faire face à ce type de panne, les messages de détresse qu’il envoie à la Terre n’auront pas de feedback avant un demi-siècle – il se résout à vivre dans ce vaisseau (On pense à Moon, de Duncan Jones) tout en profitant de la gamme de produits de consommation mis à sa disposition – ce que lui conseille Arthur, l’androide-barman – à ceci près qu’il est un passager de seconde classe donc que sa chambre et ses plateaux repas sont plutôt rudimentaires. Le temps passe et cette solitude provoque suffisamment de lassitude pour que Jim déprime et songe même à mettre fin à ses jours lors d’une sortie sécurisée sous scaphandre. Mais il va trouver comment y remédier en tombant amoureux d’Aurora, une fille endormie dans un caisson et se retrouve bientôt devant un dilemme moral hors catégorie puisqu’il sait qu’en la réveillant il la condamne. Et il va évidemment réveiller Jennifer Lawrence, sinon y a pas de film. La partie où ils sont tous deux dans le vaisseau est chouette puisque une idylle se tisse, forcément et qu’elle se tisse plutôt bien. Celle où Aurora découvre le pot-aux-roses redistribue les cartes et le film tient encore très bien la baraque. C’est après que ça se gâte, que le film hollywoodise crânement son récit, ses rebondissements, sa mise en scène, bref sabote l’ambiance qui parcourait le film jusqu’ici. Néanmoins, Morten Tyldum qui n’est pas un cinéaste très intéressant (Imitation game, Headhunters : Rien de folichon) effectue correctement le job dans cette dynamique parfaitement hollywoodienne. Il n’y a probablement plus grand-chose de l’atmosphère qui irrigue la nouvelle de Philip de K.Dick dont il s’inspire, mais de nombreuses séquences fonctionnent, notamment les scènes de gravité – en particulier celle suffocante dans la piscine – et son clin d’œil à Shining, bien que martelé, est plutôt savoureux. J’ai bien aimé comme j’aime bien Seul sur Mars, de Ridley Scott en fait. Rien de mémorable, tant dans le mouvement prolifique des films spatiaux de ces dix dernières années ça reste du panier moindre, mais c’est un correct divertissement du dimanche soir.