Les bas-fonds.
5.0 Très déçu tant j’avais placé de grandes attentes en ce film post-hitchcockien, que j’imaginais déjà en parfait chainon manquant entre Fleischer et De Palma. On se rend malheureusement vite compte que Yates n’est pas plus intéressé par son intrigue (Cette histoire de meurtre de notable vietnamien, toutes les scènes avec les commanditaires, la famille fortunée, le sujet sur la fuite des juifs de l’URSS, tout ça manque vraiment de relief) que par ses personnages, qu’il installe pourtant bien mais qu’il ne développe pas. Il y a pourtant cette belle idée du personnage solitaire, vétéran du Vietnam gardien dans un centre d’affaires, qui vit seul avec son chien et qui est secrètement amoureux de la présentatrice télé locale. Avant de virer vers la romance improbable, le film séduit d’abord en déployant cette étrange amitié / opposition entre deux entités du Vietnam sur lesquelles l’Amérique de Reagan s’est bâtie – Le héros solitaire réintégré et le traumatisé, lâche et arriviste : Si l’ami incarné par James Woods vit de petits larcins et d’ambitieux rêves c’est avant tout pour contrer ce passé de perdant du Vietnam qui lui colle à la peau – avant de dilapider ses promesses dans quelque chose d’un peu foutraque, maladroit, peut-être raccord avec la respiration de l’époque, mais assez peu canalisé à l’écran. On ne sait finalement pas trop ce que Yates a voulu faire tant il noie la politique et la sociologie, le mystère et la romance. Plus surprenant : Lui qui est pourtant réalisateur de Bullitt, rate complètement ses scènes d’action, de poursuites. On dira qu’il avait la tête ailleurs, encore dans son film précédent, probablement, le magnifique Breaking away. On sauve quelques jolies séquences (intimes) malgré tout. Ainsi que la lumineuse présence de Sigourney Weaver. Mais ça reste un film un peu raté, je pense.