Mad miettes.
5.0 Il y a une grande idée dans Renaissance. Qui à elle seule, vaut qu’on s’y plonge avec intérêt : Le fait de situer l’action dans le futur, entièrement, mais dans un futur plus proche que celui évoqué jusqu’ici dans la franchise. Si les trois premiers films s’échinaient à montrer des voyages dans le temps, en 1984 d’abord, en 1994 ensuite puis en 2004, chaque fois dans des périodes précédant la guerre nucléaire, le récit se situe ici bien après, en 2018. « The war against the machines » rugit depuis déjà un bon bout de temps. Et cette idée en occasionne forcément d’autres. Formelles, d’abord : L’impression de plonger dans un univers à la Mad Max 2. Narratives, ensuite : Le rêve de voir Kyle Reese rencontrer John Connor, va prendre forme. C’est tout l’enjeu. Les germes d’une transmission fondamentale.
On appréhende donc le tout nouveau Connor (pas l’interprète, le personnage, celui du futur : Je n’ai rien contre Christian Bale, qu’on se le dise) plus fidèle à cette image de héros que nous l’avions vu précédemment, qui dirige ses troupes, se comporte en militaire, perçu tel un messie (qui envoie ses recommandations par radio à travers le monde) et essaie de trouver la faille dans le système de Skynet grâce aux cassettes instructives que sa mère lui a laissées. Sarah Connor est morte d’une leucémie avant la guerre, ça on le savait dans l’opus précédent, mais elle semble avoir une importance capitale, vivante ou non. Elle trace – a tracé – des lignes à suivre, c’est le chemin à suivre depuis sa rencontre avec Kyle Reese, et sa foi quasi immédiate concernant la tragique destinée de l’humanité. Même ce con de Silbermann s’inclinerait, dorénavant. Plus le choix.
McG va complexifier (bêtement) un peu tout ça : Marcus Wright sera son héros malade. Il apparaît en 2018, dans une ambiance d’apocalypse, il dit ne se souvenir que d’une chose, être passé par le couloir des condamnés à mort. Il va tenter de survivre dans cet enfer puis fera la rencontre du jeune Kyle Reese, avant de le perdre et de rencontrer Connor. Ce dernier doit donc découvrir d’où vient ce curieux bonhomme (qui dit connaître Kyle Reese, son père) tout en préparant l’offensive contre les bases de Skynet qui a décidé d’annihiler la résistance toute entière. Les idées sont là, intéressantes quand il s’agit de se pencher sur ce personnage hybride, mais sous-exploitées là où on attendait davantage : Faut-il rappeler que si Kyle Reese meurt dans cet opus, il ne pourra pas, dix ans plus tard être envoyé par Connor, dans le passé ? Le paradoxe temporel c’est aussi le cœur de Terminator. Là c’est comme si l’on n’y croyait plus. Comme si McG s’en tenait à la rencontre tant attendue, mais qu’il ne la faisait déboucher sur rien, lui préférant le destin chaotique de Marcus Wright, qui aura au moins cette importance de léguer son cœur au héros de la résistance.
Néanmoins, Renaissance est un pur film d’action. Un quatrième opus qui récupère l’intensité des précédents volets mais perd dans la dimension charismatique de ses personnages. Ils ne provoquent pas l’ennui mais un manque total d’empathie, à l’image de ce « I’ll will be back » qui n’a jamais paru aussi gratuit, décharné. Le film déballe ses saynètes, parfois aussi impressionnantes techniquement que les nombreux gadgets des machines (les motos-Terminator, notamment) mais on ne dépasse pas le cadre de l’action pour l’action. Le dernier quart est assez imbuvable. Une soupe pyrotechnique digne de Michael Bay – Avec le frisson de la honte suprême à l’apparition du T800, incarné par notre bon vieux Schwarzy, en images de synthèse – couronnée d’une conclusion un brin tire-larmes.
Et il y a un autre souci : McG se prend beaucoup trop au sérieux. Il dit être admirateur de Cameron, et rejeter en bloc l’opus de Jonathan Mostow, très bien, c’est son droit – à mon avis, ce bien qu’il soit nettement en-dessous des deux premiers, il est tout de même mieux que le sien – mais il y avait aussi de la légèreté chez Cameron, une histoire d’amour. Tout s’est évaporé, ici. Cela dit il y a quand même la satisfaction de voir un film qui respecte le cahier des charges, le matériau de base tout en prenant le risque de développer une temporalité qui restait jusqu’ici hors champ. De choisir celle où le T800 est encore à l’état de conception, quelques années avant son voyage dans le temps. C’est déjà pas mal.