L’arbre aux gros sabots.
4.5 Autant on imagine sans mal la promotion du film jouer sur un éventuel rapprochement avec L’exorciste – Après tout, Friedkin y retrouve son inspiration surnaturelle et horrifique, le druidisme y supplantant l’exorcisme – autant il est plus difficile de croire que l’auteur de Sorcerer soit réellement passionné par ce nouveau projet dans lequel il se lance alors qu’il est au creux de la vague, tant tout dedans semble traité par-dessus la jambe, bâclé du point de vue de la dynamique du récit, télévisuel dans l’image.
Néanmoins, La nurse garde un certain cachet de Série B plutôt savoureux dans la mesure où l’on retrouve des visions chères à Friedkin, des choses plus rugueuses que dans n’importe quel autre produit du genre, d’autant qu’il sait faire grimper la tension, faire éclater ses effets gores et utiliser les acteurs adéquats : Jenny Seagrove, qui incarne Camilla, la nounou bizarre, est à la fois très douce et flippante, charmante et diabolique. Avec ce gros 7 sur l’échelle de Barbara Steele, elle apporte pile ce qu’il faut à ce personnage.
Ceci étant, par son histoire, le film souffre beaucoup de la comparaison avec La main sur le berceau, de Curtis Hanson, qui sortira deux ans plus tard et qui fera, contrairement au film de Friedkin, un petit carton, prouvant que le fantastique n’allait plus vraiment régner durant les années 90 : Il fallait désormais laisser la place à des réalisations plus classiques et à un réalisme domestique plus sulfureux, apporté entre autre par l’éminent Basic Instinct.
Un élément fort restera, malgré tout : Cet arbre maléfique, qui aussi cheap soit-il dès l’instant qu’il est en mouvement, dégage une vraie singularité esthétique, avec ses visages d’enfants gravés dans son écorce. Par ailleurs, lors d’une scène en forêt, par sa colorimétrie étrange, le malaise qu’elle crée, le film fait revivre le spectre de La dernière maison sur la gauche. Ça n’ira jamais aussi loin, malheureusement et en l’état, La nurse évoque plutôt La ferme de la terreur, pour rester chez Wes Craven. Pas un nanar mais pas loin.
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