Fils de pauvres.
6.0 Deux époques se chevauchent dans Dieu vomit les tièdes – un peu comme dans Ki Lo Sa ? – puisqu’il s’agit de suivre les retrouvailles de copains, quasi la quarantaine, mais aussi de voir cette même bande des quatre durant leur enfance, notamment pour un serment visant à rester à tout jamais fidèles à leurs idéaux de révoltés. Le film se cale tout particulièrement sur l’un d’eux, Frisé, incarné par Gérard Meylan, peintre bohème qui vit dans une cabane et dans ses souvenirs, tout en suivant Cochise incarné par Jean-Pierre Daroussin, écrivain qui vient de tout plaquer. C’est de cet affrontement dont il est question ici : Entre ceux qui vivent dans les souvenirs et ceux qui vivent dans l’oubli, pour citer peu ou prou les mots de Frisé, lui-même. Le film se joue en majorité autour de ce décor magnifique, imposant qu’est le pont tournant de Martigues, qui relie l’étang de Berre à la Méditerranée. Pont qu’on va arpenter de long en large, à l’extérieur comme à l’intérieur, dessus, dessous. Un élément fait fusionner les deux époques, c’est un graffiti sur un pilier de ce pont pont. « Us go home » pouvait-on lire ici et voilà qu’on y a ajouté « Les arabes à la mer ». Ce n’est pas qu’un constat, c’est aussi l’histoire du récit, qui s’intéresse au jeune Rachid, tourmenté et exploité. En guise de fil rouge, on suit la commémoration du bicentenaire de la révolution, dont on entend une ritournelle de défilé sur des plans de cadavres flottant dans le canal de Caronte. Corps noyés, qui, abandonnés aux regards, parsèment un récit très lâche, éclaté, qui peine à maintenir notre intérêt et notre empathie. A l’image de son final terrible, Dieu vomit les tièdes est un film sombre, très sombre.