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Archives pour décembre 2019



Laissez faire les femmes ! (Glückskinder) – Paul Martin – 1936

25. Laissez faire les femmes ! - Glückskinder - Paul Martin - 1936Un grain de beauté sur l’épaule.

   5.5   Curieux objet que ce film allemand de 1936 qui reprend les codes de la screwball comedy américaines, où l’action se déroule même à New York et semble copier le style d’un Lubitch. Mais il s’agit bien d’un film allemand, réalisé par un allemand, joué en langue allemande par des acteurs allemands. En réalité, le film s’inscrit dans la demande de Goebbels de faire des films légers, divertissants et dans un cadre qui n’évoque surtout pas la vie sous le IIIe Reich. Ici ce sera l’histoire d’un mariage express au tribunal entre une fille sans le sou jugée pour vagabondage et un jeune journaliste sportif (qui remplace son collègue, reporter judiciaire au Morning Post, un peu trop bourré pour assurer une audience) qui n’était pas là pour la défendre, encore moins pour l’épouser, mais qui se prend d’empathie pour elle au point de faire croire qu’il est son compagnon. Toute la partie chez lui – qui ressemble étrangement à l’appartement de Monica dans Friends – notamment autour de ce lit qu’il prend soin de séparer d’un meuble recouvert de cactus, est charmante. Ensuite, le film perd en fraicheur lorsqu’il alourdit son récit avec une histoire parallèle de disparition de la nièce d’un magnat du pétrole, mais aussi à l’image de sa parenthèse musicale qui voit les personnages danser un foxtrot complètement gratuit sur « Ich wollt’ich wär’ ein huhn » titre qui sera par ailleurs utilisé par Tarantino, dans Inglourious basterds. Laissez faire les femmes est un film globalement anecdotique mais par instants plutôt chouette, rythmé, avec de jolis moments comiques, remplissant donc son contrat.

Terminal sud – Rabah Ameur-Zaïmeche – 2019

24. Terminal sud - Rabah Ameur-Zaïmeche - 2019L’enfer est à lui.

   6.0   Après l’imposante déception que constitua Histoire de Judas (2015), film aussi mal fichu, doctoral qu’ampoulé, je suis ravi de retrouver RAZ un peu plus simple et inspiré, un peu plus lui, en somme. Il y a sept ans, Les chants de Mandrin avait amorcé un étrange virage, beau, abstrait mais dangereux. Terminal sud semble plutôt reprendre là où il se situait au moment de Dernier maquis. Mais une donnée a changé : Si c’est la première fois que l’auteur ne joue pas dans son propre film, c’est aussi la première fois qu’il offre le premier rôle à une star. Ramzy chez Rabah Aimeur-Zaïmeche, sur le papier c’est un joli Kamoulox – même s’il était déjà présent dans Bled number one – mais dans les faits ça fonctionne, pour la simple et bonne raison que l’acteur ne vampirise jamais le film, au contraire il s’y fond au point qu’on oublie qu’il est Ramzy. Il joue et il est ce médecin hospitalier passionné mais au bout du rouleau.

     Terminal sud a ceci de singulier qu’il est un film sans lieu, sans temporalité. Est-ce l’Algérie ? La France ? Hier, aujourd’hui, demain ? On n’en saura rien. On sait juste qu’il se déroule quelque part autour de la Méditerranée. L’abstraction a toujours fait partie intégrante du cinéma de RAZ, on se souvient de ce magnifique mur de palettes rouges, infranchissable, dans son meilleur film Dernier maquis. Dans ce drôle d’espace-temps, c’est le chaos. On ne sait plus très bien à qui se fier. Un bus est arrêté par des militaires à un barrage, ses occupants tous menacés et dépouillés, sans sommations. Un médecin reçoit plusieurs menaces de mort. Des journalistes sont enlevés, d’autres tués. Des terroristes sont retranchés dans la montagne comme des maquisards. Il faudra aussi passer par une scène de torture, avant que l’on rencontre Charly, une providence cachée dans une campagne qui ressemble à La Camargue.

     C’est un beau film, mais il lui manque une aspérité romanesque. On sent que RAZ l’écrit mais s’y refuse, lui préférant quelque chose de plus indomptable, en apesanteur, qui délivre des échos, et s’avère in fine assez superficiel – la relation conjugale, l’assassinat d’un proche – qui ne touche jamais vraiment alors que tout est là pour être absolument bouleversant. En fait, on a la sensation que le film se refuse à percer la carapace de ce toubib, à comprendre le pourquoi de son entêtement (Est-ce pour saluer la résistance de son père ?) le laissant dans une opacité un peu triste, distancée, face à l’oppression et l’obscurantisme général. Mais comme d’habitude avec RAZ – qui propose là son sixième film en vingt ans – le film bien qu’assez diffus, impénétrable, flottant est émaillé de fulgurances. C’est sa force.

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silencio


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