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Archives pour 13 janvier, 2020

Top20 Albums 2019

01. Nick Cave & The Bad Seeds - Ghosteen     Voici les vingt disques que je retiens cette année. Auraient pu y figurer mais restent sur le banc de touche : Tim Hecker, Felicia Atkinson, Richard Hawley, Andy Stott ou encore Bill Callahan. A noter que trois bandes originales pouvaient figurer dans ce top mais puisque je ne savais pas où les glisser, je leur offre une mention spéciale en fin de billet. Allez, le top :

Nick Cave & The Bad Seeds, Ghosteen.

     « I’m beside you / Look for me / I try to forget / To remember / That nothing is something / Where something is meant to be » C’est un véritable météore émotionnel. L’un des plus beaux disques de l’année, de la décennie. Et le complément parfait au sombre disque précédent. Un album de deuil, dur, dense et déchirant, mais aussi un album de lumière dans les ténèbres, qui se ferme là-dessus : « Everybody’s losing someone / It’s a long way to find peace of mind / And I’m just waiting now for my time to come / For peace to come » C’est beau à chialer. Sans parler des douze incroyables minutes offertes par le titre éponyme, l’un des trucs les plus beaux entendus depuis très, très longtemps. Comme Skeleton tree en 2016, difficile pour moi de voir un autre disque tout en haut en 2019.

Swans, Leaving meaning.

     Pour être tout à fait honnête, lors de la première écoute je me suis posé beaucoup de questions : C’était dense, certes, mais aussi très hermétique, je suis un peu resté sur la touche. Même si un petit Swans n’est jamais un petit disque, je ne pensais pas y revenir. Mais j’y suis revenu. Encore. Et encore. Et si c’est un disque très différent des trois précédents, qui formaient un tryptique absolument parfait, je crois finalement que je l’aime autant. Je crois que j’y suis même revenu davantage que sur Glowing man ou To be kind. On ne va pas y aller par quatre chemins, c’est un chef d’œuvre. Bref, Swans aura offert cinq immenses albums en dix ans. C’est donc haut la main le groupe des années 10.

Rafael Anton Irisarri, Solastalgia.

     Pas de Lawrence English cette année, rien de grave : Irisarri a redoré le blason de l’ambient crépusculaire à lui tout seul, en livrant ce bijou de beauté froide, six morceaux colossaux qui touchent au sublime. Il y a quelque chose d’à la fois brut et chatoyant dans les denses envolées de l’américain, nappes drone aux textures complexes, d’une profondeur abyssale tour à tour accueillante et terrifiante. Aussi puissant que le terme magnifique dont il s’empare comme titre, qui fait référence à la détresse causée par les dégradations environnementales. Fort, très fort.

Quentin Sirjacq, COMPANION.

     Auréolé d’un titre aussi humble qu’honnête tant c’est le disque idéal pour traverser l’hiver, le nouvel album de Quentin Sirjacq est une merveille, son plus beau depuis La chambre claire. Il semble convoquer les spectres d’Arvo Part et Steve Reich et se libère de son étiquette de pianiste pur afin d’explorer des contrées éclectiques, plutôt électroniques. Evidemment, le piano reste l’instrument central mais il est vite secondé par d’autres, perturbateurs, créant une nouvelle harmonie faite de tout un tas de nappes et percussions qui bouleversent cet univers que l’on aime tant. Un peu comme si Nils Frahm rencontrait Jon Hopkins. C’est somptueux.

Beth Gibbons & Krzysztof Penderecki – Henryk Górecki, Symphony No. 3.

     La chanteuse de Portishead a reçu une volée de bois vert pour cet écart d’orgueil, dirons certains / tentative effrontée, dirons les autres dont je fais partie. C’est simple j’ai trouvé cette adaptation incroyable. C’est l’une des plus belles pièces contemporaines, évidemment à te faire chialer tellement c’est beau (Malick l’utilise volontiers dans son dernier film, d’ailleurs) et ça m’a collé les frissons ici aussi. L’immense symphonie de Goreki trouve avec la voix de l’immense Gibbons qui se marie à merveille avec la direction de l’immense Penderecki, une grâce aussi fragile que bouleversante.

Samuel Kerridge & Taylor Burch, The other.

     Kerridge c’est souvent beaucoup trop brut pour moi. Son électro martiale méritait la tension mélodique que va lui offrir Burch, son acolyte féminine. Collaboration fructueuse qui accouche d’un petit choc tellurique, viscéral et distordu, parcouru par une voix de femme reprenant l’enregistrement vidéo « Jean Cocteau s’adresse à l’an 2000 ». Evidemment, c’est surpuissant. Sept transmissions pour une déflagration.

Kevin Morby, Oh my god.

    Singing saw (2016) fut ma porte d’entrée dans l’univers de ce jeune musicien américain, hyper talentueux. Oh my god est du même calibre et encore meilleur. C’est un classique instantané, qui m’a beaucoup rappelé, dans ses textures et sa richesse – et bien que les deux musiques soient très différentes – le Helplessness blues (2011) de Fleet Foxes, un autre classique (instantané) absolu.

Sylvain Chauveau, Pianisme.

     Pianisme est une collection de titres inédits ou épuisés enregistrés depuis 2004 principalement composés pour des films. C’est du piano, c’est une musique très calme, qui flirte souvent avec le silence et c’est merveilleux. Le meilleur disque de Sylvain Chauveau depuis Nocturne impalpable. Une merveille de douceur, qui m’a donné l’impression d’errer dans un film de Mikhael Hers. Le dernier morceau, In the twilight of Paris, est somptueux. Parfait pour accompagner les nuits.

Lana Del Rey, Norman Fucking Rockwell !

     Après la déception Lust for life, je retrouve ce qui m’avait tant séduit, ému dans Born to die, celui sur lequel je reviens régulièrement. Pas impossible que le temps joue en faveur de NFR ! tant il infuse différemment chaque nouvelle écoute, utilisant son imposante longueur à son avantage soit en brisant les conventions du disque de singles, de tubes et de morceaux de remplissage. C’est au contraire un vrai voyage de quatorze morceaux subtilement orchestrés, harmonieux, oscillant entre trois et dix minutes, duquel on sort bercé avec l’envie d’y replonger illico. Et puis bon, quel bonheur, cette voix. Avant le somptueux trio final il me semble que je fonds surtout pour Cinnamon girl & California.

Fennesz, Agora.

     On entre dans un disque du compositeur autrichien ou on n’y entre pas. Y a pas de juste milieu. Il arrête le temps ou bien il le rend interminable. Dans Agora, j’y suis entré d’emblée et j’aime replonger dans l’univers qu’il façonne, ses textures vaporeuses ou aquatiques, ses drones rêveurs, aussi différents les uns des autres que parfaitement complémentaires, assemblés sur quatre morceaux oscillant entre dix et douze minutes. J’aime l’homogénéité absolue de ce disque et le fait qu’il soit ponctué de discrets éclairs évanescents. Je me demande si ce n’est pas mon Fennesz préféré depuis Endless summer.

Rrose, Hymn to moisture.

     Enième cousin dérivé de Shifted, LAND, Lucy, Restive plaggona pour citer ceux qui m’ont le plus marqué dans le genre ces cinq dernières années. C’est une techno minimale on ne peut plus rugueuse, aqueuse, mais qui tend plutôt vers l’eau rouillée que vers le bain moussant, si tu vois ce que je veux dire. C’est à la fois sale, métallique, strident. C’est puissant, ça ne plaisante pas.

ASC, 1138.

     A la techno explosive de Realm of the infinite – aussi sorti cette année – je préfère largement cette autre création d’ASC, avec sa basse étouffée, gutturale, un peu plus organique, même s’il s’agit évidemment moins de danser dans la stratosphère que de ramper dans les ruines des abysses caverneuses. Pinural, le dernier morceau (qui a le bon goût de s’étirer sur dix minutes) m’a rappelé, en plus retenu, les belles heures de Tzolk’in.

Matmos, Plastic anniversary.

     J’avais oublié Matmos, depuis le sublime The Marriage of true minds, sorti en 2013. Le groupe déjanté de San Francisco revient avec un onzième disque et arpente cette fois les rives du plastique, avec un sens de l’euphorie et la surenchère assez dingue, aussi génial que de mauvais gout assumé. Il m’arrive de l’écouter et de me dire que c’est asphyxiant, ces sonorités glitchs mélangées à des semblants de mélodies carnavalesques. Mais parfois c’est une telle claque, cet ensemble hybride détonnant, que je le relance aussitôt.

Leif, Loom dream.

     Sept morceaux portant chacun un nom de plante, qui alternent de douces nappes ambiantes, parsemées de discrets field recordings, se laissant parfois aller à une percée plus transe, mélodieuse. Merci pour cette florale écoute.

Ekin Fil, Heavy.

     Des trois disques de la stambouliote sortis cette année, ma préférence ira vers cette réédition remasterisée en vinyle d’une cassette de 2016. J’y retrouve ce qui m’avait tant plu dans le somptueux Ghosts inside. Trente-et-une minutes hantées, littéralement. A conseiller illico aux fans de Grouper.

Hot Chip, A bath full of ecstasy.

     Jusqu’ici je ne comprenais pas trop ce qu’on trouvait à Hot Chip, ça m’avait toujours laissé dubitatif cette pop boursouflée. La surprise est donc totale, A bath full of ecstasy est une merveille de machine à tube, une heure d’extase pure. Absolument parfait dans son genre.

Tyler the creator, IGOR.

     Album aussi inégal que son style, hybride et déstructurée, mais fougueux, tellement loin de tout ce qui se fait de formaté dans le genre, qui me suit depuis sa sortie, que je réécoute régulièrement avec la même admiration. J’aime tout de lui, mais IGOR est de très loin ce qui me plait le plus de la part de Tyler, the creator depuis la bombe Goblin, que fut son premier album en 2011.Quarante minutes en ébullition permanente.

Nev Cottee, River’s edge.

     Après le terrassant Broken flowers, River’s edge fait office de parenthèse anodine, comme un disque retrouvé, égaré dans la discographie d’un Léonard Cohen. Mais qu’il est bon de retrouver cette merveille de raffinement folk et la voluptueuse voix du mancunien, façonnée par le tabac. A l’instar de son « cousin musical » Richard Hawley – qui aurait aussi pu être ici pour son très beau Further – je ne m’en lasse pas : L’élégance des vrais ne tarit jamais.

Cigarette after sex, Cry.

     C’est un bonbon onctueux, qui s’impose d’emblée par ses textures planantes, dès la première note, puis les premières paroles : Douce voix androgyne en parfait véhicule d’une berceuse dream pop, sorte de Beach house dénudé ou Cocteau Twins sous Prozac. C’est une confirmation confortable, sage, linéaire, certes, mais que c’est beau. Encore plus beau que l’était leur premier. Une douceur intime, chaleureuse, adéquate pour traverser l’hiver.

Daigo Hanada, Ouka.

     Je vais essayer de ne pas auto-paraphraser ce que je disais sur Ichiru il y a deux ans, mais je ne comprends pas comment le japonais parvient à trouver cet équilibre, doux et majestueux, entre harmonie complexe des accords et finesse rythmique absolue. C’est beau, lumineux, entêtant. S’il ne retrouve pas les éclats incroyables qui habitaient le disque précédent, Ouka n’en reste pas moins une beauté éphémère et suspendue qu’on réécoute en boucle.

Mentions spéciales à trois OST :

Hildur Guonadottir pour Chernobyl,
Bobby Krlic pour Midsommar,
Randy Newman pour Marriage story.

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