Le 13e guerrier.
8.5 C’est très étrange de revoir ce film aujourd’hui. De constater combien il a posé les jalons de la néo-comédie américaine. 40 ans, toujours puceau, première réalisation d’Apatow, fête cette année ses quinze ans. Son auteur n’avait alors réalisé que quelques épisodes de séries pour Freaks & geeks (qu’il produisait) ou Undeclared (qu’il a créée). Et deux ans avant Knocked up il choisit de mettre en scène cette idée instiguée par Steve Carell, provenant d’un sketch que ce dernier a lui-même crée. Et ça se fera donc avec Carell lui-même, qui trouve son premier rôle de cinéma après une carrière télévisuelle. Et c’est une révélation.
Steve Carell incarne Andy (comme le prénom du petit garçon dans Toy Story) puceau de quarante ans, qui collectionne les figurines de super-héros qu’il érige précieusement sur des étagères et dans leurs emballages. Il est vendeur dans un magasin de hi-fi dans un magasin où il arrive et repart chaque jour avec son vélo, dont il garde toujours près de lui sa roue avant. Il est complexé, puceau, bref c’est un adolescent coincé dans un corps d’adulte. Son corps se rebelle tellement contre lui qu’il lui pisse dans la tronche au réveil. Un corps tout en convulsions souterraines, qu’il s’échine à masquer à tout prix.
Il me semble que The 40 year-old virgin est la comédie parfaite pour représenter la Génération X, la 13e génération, comme on les appelle aussi. Et qu’il s’adresse, contrairement aux films du genre qui l’ont précédé, aux adultes. C’est un vrai teen-movie pour adultes. Et ça ne l’empêche évidemment pas de nous partager son étendue burlesque et regressive lors de séquences désopilantes, d’ores et déjà entrées à la postérité, comme celle de l’épilation du torse, où Carell insulte à tout va à chaque feuille de cire arrachée.
On pourra toujours trouver que le film manque d’envergure formelle. En effet, on sent très vite que l’idée, le pitch, le scénario, les situations, l’écriture des personnages – même les plus secondaires, féminins et masculins – seront le point fort du film. La réalisation d’Apatow est scolaire, au service du reste, si minimaliste (dans ses plans, ses décors, ses lumières) qu’on n’est parfois pas si loin du théâtre voire de la sitcom. D’autant que le film se déroule en majorité en intérieurs, dans des lieux qu’on retrouve régulièrement.
C’était la cinquième fois que je le voyais et ce que je suis sûr c’est que je l’aime chaque fois davantage. C’est une affaire d’équilibre parfait, un grand film qu sait être très drôle et très gras, mais aussi très sensible et touchant. Si Steve Carell est effectivement génial là-dedans, il ne faut pas oublier de parler des autres, plus secondaires ici mais non moins fondamentaux, élèves de l’école Apatow que pour la plupart on recroisera plus d’une fois. C’est malin maintenant j’ai hyper envie de revoir En cloque mode d’emploi, Supergrave, Bridesmaids et d’autres.