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Archives pour février 2020



L’homme de Rio – Philippe de Broca – 1964

04. L'homme de Rio - Philippe de Broca - 1964Les aventures d’Adrien.

   6.5   Le modèle est revendiqué par De Broca lui-même, c’est évidemment Tintin. Soit un savant mélange de L’oreille cassée, Les sept boules de cristal et Le secret de la licorne. Statuette maltèque qui remplace le fétiche arumbaya, savants menacés, parchemins à reconstituer, tout rappelle la bande dessinée d’Hergé.

     Intéressant de constater combien à son tour L’homme de Rio est une matrice, d’abord pour Spielberg puisqu’il infuse clairement Indiana Jones (son auteur ne s’en cache pas) mais aussi certains opus de James Bond ou plus récemment OSS 117, Rio ne répond plus ou La loi de la jungle. Tout est affaire de transmission.

     Si le film me séduit (comme aucun autre De Broca, du peu que j’ai vu) par sa générosité, rythmique et géographique, sa photographie, ses idées permanentes, la double présence savoureuse de Belmondo & Dorleac, il me gêne dans sa dimension burlesque. A trop vouloir aller vite, on perd l’équilibre. N’est pas Etaix ou Tati qui veut, le slapstick ça se dose.

     Evidemment ça reste un superbe divertissement, toujours en mouvement et pourtant toujours lisible, comme on en fait plus dans nos contrées. Tourné dans des lieux qui en imposent (Brasilia en construction dans le désert, notamment) et orné de vraies cascades. Mais à mon avis, mieux vaut avoir grandi avec. Finalement je préfère un film qui lui est quasi cousin, Le sauvage, de Rappeneau, son « frère de cinéma », d’ailleurs coscénariste sur L’homme de Rio.

Roubaix, une lumière – Arnaud Desplechin – 2019

02. Roubaix, une lumière - Arnaud Desplechin - 2019Desolationland, mon vieux pays natal.

   7.0   Difficile de reconnaître Desplechin là-dedans tant le film s’éloigne, dans son verbe et son amplitude, de ses travaux habituels. Pourtant, s’il s’aventure sur les terres nouvelles du polar social, Desplechin originaire de Roubaix, expérimente toujours. Ici, il y a deux films en un seul, qui se répondent, convergent sans véritable cassure. Le glissement est imposant avec le recul mais invisible considéré dans la continuité. La pleine réussite de Roubaix, une lumière se situe à mes yeux dans ce curieux dispositif : Le fait qu’il navigue d’abord entre le L627, de Tavernier et Faits divers, de Depardon, soit en étant du côté du catalogue de solitudes variées, prises dans une émanation chorale, fragmentée, quasi documentaire. Avant qu’il ne vire vers Garde à vue, de Miller ou La vérité, de Clouzot. Grosso modo. Mais le propos est très ambigu, on ne verse pas dans la reconstruction théâtrale, comme si l’on répondait par la fiction au documentaire, par la théorie au réel, puisque c’est justement à partir de là que le film s’avère le plus factuel, reproduisant les faits qui se sont déroulés à Roubaix en 2002, déjà relatés dans le documentaire Roubaix, commissariat central, de Mosco Boucault. Bref, la mécanique du film ne s’appréhende pas si facilement.

     Et l’autre réussite elle découle de cette étonnante construction, c’est le personnage qui l’habite. Daoud. Ce commissaire mystérieux, incarné par un Roschdy Zem exceptionnel. Passionné de courses de chevaux, mais pas joueur pour autant ; Fasciné par une certaine quête de la vérité alors qu’il dit reconnaître un innocent ou un coupable dès la première seconde ; Et c’est une volonté qui s’arme systématiquement de douceur, patience et compassion. La lumière de Roubaix, c’est évidemment lui. Il ne tient pourtant pas le film tout seul – comme on dit parfois de ces incarnations qui écrasent tout – puisque ceux qui gravitent autour de lui, dans la police (Reinartz) ou les habitants (Seydoux, Forestier) ont tous quelque chose à raconter, un personnage fort à incarner. Si le glissement central est très réussi, je crois avoir une nette préférence pour la seconde partie, justement pour son authenticité hallucinante là où la première rate certains fragments notamment celui avec Philippe Duquesne, qui ne fonctionne pas très bien. Très beau film, quoiqu’il en soit, surtout pour ce que Desplechin fait de Roubaix, sa lumière dorée nocturne, ses cheminées d’usine, ses ruelles pluvieuses, mais aussi dans chacun de ses intérieurs. D’un point de vue formel, c’est assez impressionnant.

Un homme pressé – Hervé Mimran – 2018

12. Un homme pressé - Hervé Mimran - 2018Quand on est lourd.

   1.0   Après avoir co-réalisé avec Géraldine Nakache Tout ce qui brille et Nous York, deux infâmes purges bourgeoises et grandiloquentes, Hervé Mimran, tel un homme dressé, prend son envol en solo et s’offre Fabrice Luchini. Ô révélation, ô surprise, son film est affreux. Difficile d’ailleurs de statuer sur ce qui s’avère être le plus affreux là-dedans. Serait-ce le ressort comique consternant qui voit le personnage joué par Luchini qui suite à son AVC ne parle plus qu’en verlan (Quelle grosse poilade putain) et/ou en gros mots faussement maladroits, utilisés ad nauseam ? Ou l’utilisation à faux-contre-emploi (Il ne parle pas bien) de Luchini, lui-même (Wow, quelle ENORME prise de risque !) ? Ou le fait que le film en vienne à « humaniser » le personnage, patron d’un grand groupe automobile, imbu de sa petite personne qui va finalement découvrir qu’on peut aimer et être aimé, aider et être aidé (ultime acte de rédemption ridicule lorsque le personnage sauve un faon qui se noie) ? Ou le fait d’avoir traité aussi vulgairement la romance à côté (L’infirmière et son collègue) ainsi que les retrouvailles familiales de part et d’autres ? Mon cœur balance. Evidemment on pourra toujours trouver des bribes d’intérêt dans la relation de rééducation (physique, mentale et morale, bien entendu) entre Bekhti & Luchini, mais on les a déjà vu tellement meilleurs ailleurs. Bref, c’est pitoyable.

Pompéi (Pompeii) – Paul W.S. Anderson – 2014

10. Pompéi - Pompeii - Paul W.S. Anderson - 2014Le pic de fiente.

   2.0   Généreux qu’il est en nanar d’exception, Pompéi assure absolument sur tous les plans. Une interprétation sans faille où tous (et du très connu : John Snow, Jack Bauer, Lane Pryce, Trinity) sont ridicules sans exception. Du numérique ad nauseam au point de rêver de voir le making off probablement très gênant livrant le tournage dans son studio vert. Des lignes de dialogues plus affligeantes que jamais. Des incohérences à se pisser dessus. Et un mélange de références (Conan le barbare, Gladiator, Titanic, Le pic de Dante, L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux) pompées, mâchées et recrachées le plus vulgairement possible. Parfois, devant ce type de films, on regrette que les auteurs (de blockbusters) soient aussi transparents que ceux se trouvant à la barre d’un épisode de série, ici au contraire on se demande comment c’est possible qu’on ait laissé faire un truc aussi dégueu, calamiteux aujourd’hui. Les mecs ne regardaient pas Game of thrones, c’est pas possible. Sans être Cameron ou Miller, il me semble qu’on peut faire un truc un peu plus digeste et inventif que cette bouillie, le cas Amenabar, pour Agora, par exemple. Bref c’est d’une laideur et d’une bêtise sans nom, le pire étant atteint dans le dernier quart, durant la catastrophe, l’éruption du Vésuve, tant attendue car on sait qu’on va se marrer. Vraiment, il faut le voir pour le croire.

All inclusive – Fabien Onteniente – 2019

35. All inclusive - Fabien Onteniente - 2019Il a fait bip bip, on a fait meuh.

   0.5   Sans même parler de mise en scène, quelle pauvreté dans les gags, le scénario, les situations, les dialogues, l’interprétation. Tout est au rabais, all inclusive. C’est un frisson de la honte permanent. Le pire c’est qu’Onteniente s’est mis dans la tête qu’il allait faire références aux Bronzés, mais attention pas qu’un subtil clin d’œil, mais une pelletée, jusqu’à l’indigestion. Ainsi Demaison incarnera donc Morin, comme Jugnot dans les deux films de Patrice Leconte – Sa scène de ménage avec Maïwenn peut d’ailleurs rappeler celle que Bernard tenait avec Nathalie. Ainsi Dubosc sera Jean-Paul Cisse (Caution Jean-Claude Dusse + jeu de mots sur le pape = demi-molle des producteurs ?) et lui non plus ne va pas retrouver sa valise – Son baluchon, comme il dit : Il faut signaler que c’est un festival Dubosc, qui refait du Patrick Chirac puissance dix, le slip en moins. Ainsi on y verra Balasko (en nympho veuve) et Lhermitte (en directeur de club) qui finiront par discuter et se demander s’ils ne se sont pas déjà croisés jadis dans un autre club de vacances. Sérieusement ? Et tout est comme ça. Sauf qu’on tire plutôt vers le troisième Bronzés, qualitativement. Outre les nombreux clichés sur les Antilles, on passera par une dispute autour d’un pet dans une piscine, des cendres funéraires finiront dans un pétard (Putain que c’est rigolo) et lors d’une soirée sosies, Demaison sera déguisé en Trump et Dubosc en Johnny, bordel on se fend la gueule. Ceci étant le film me fascine pour son cynisme involontaire : J’ai toujours l’impression qu’il se fou de notre gueule. All inclusive avait-il prévenu. Comme si à la fois il disait que toute la merde d’Onteniente (Camping, Disco, Jet Set…) sera incluse dedans et que malgré tout, ça n’empêchera pas les beaufs d’aller quand même voir ça. Le mec te chie littéralement sur les yeux quatre-vingt-dix minutes durant et il fait 800.000 entrées. On va me dire que ça fait un four, mais bordel, 800.000 entrées. Et le pire c’est que ça coute 15 bâtons cette merde. Quinze putains de millions d’euros.

Qui veut la peau de Roger Rabbit (Who framed Roger Rabbit) – Robert Zemeckis – 1988

34. Qui veut la peau de Roger Rabbit - Who framed Roger Rabbit - Robert Zemeckis - 1988Les Toons lui vont si bien.

   7.0   Si ça restera un Zemeckis pour lequel j’ai peu d’affection – contrairement à un Retour vers le futur, par exemple – j’ai cette fois été séduit par sa démesure, son singulier mélange de cartoon et de film noir. La séquence d’ouverture est un sommet de jubilation avec ce génie de dessin animé (bébé récalcitrant & lapin souffre-douleur) dynamitant l’espace d’une cuisine avant qu’on en révèle le statut de décor de studio et tout le backstage qui le fait exister. Le réel qui supplante la fiction. Rarement la mise en scène de Zemeckis n’aura été si étourdissante.

     Dès lors, les personnages du cartoon se mélangent aux personnages live. Et le pacte est amorcé : On croit en chacune des interactions et ça devient un film complètement fou, qui reprend les codes du genre (le polar) et enclenche une course-poursuite dantesque qu’il tiendra jusqu’au bout. En réussissant l’exploit de parfois réunir les créatures de Disney avec celles de la Warner. Bref, grosse réhabilitation : je n’avais pas vu Qui veut la peau de Roger Rabbit ? depuis plus de dix ans et en le revoyant avec mon fils de sept ans, les yeux écarquillés, le sourire aux lèvres, c’est comme si je l’avais redécouvert.

Space Jam – Joe Pytka – 1997

33. Space Jam - Joe Pytka - 1997Qui veut la peau des Looney Tunes ?

     4.5   « Quel est ton film d’horreur préféré ?
-          Space Jam, avec Michael Jordon & Bugs Bunny.
-          C’est pas un film d’horreur.
-          T’as pas vu jouer Michael Jordan »

     J’avais cette réplique de la VF de Scary movie en tête en abordant le film de Joe Pytka. C’est vrai que Jordan acteur, c’est compliqué. C’est la grande différence avec le film de Zemeckis, sorti huit ans plus tôt où tous les acteurs sont absolument géniaux.

     On est évidemment loin du génie inventif de Qui veut la peau de Roger Rabbit ? mais Space Jam est un film mignon comme tout où Michael Jordan en personne s’associe aux Looney Tunes pour combattre de méchants extraterrestres le temps d’un match de basket-ball. Outre les caméos de joueurs variés, les seconds rôles, Bill Murray en tête, sont bien choisis. Reste qu’il aurait mieux fallu que je découvre ça quand j’étais gamin, je crois.

Les fantastiques années 20 (The roaring twenties) – Raoul Walsh – 1939

20. Les fantastiques années 20 - The roaring twenties - Raoul Walsh - 1939Les soldats oubliés.

   8.5   C’est en 1939 que Walsh raconte ces dix années de l’histoire américaine. Dix années folles, hantées par la violence engendrée par la Prohibition. Le film s’ouvre en effet au crépuscule de la première guerre mondiale et se ferme au lendemain du crash de 29. On y suit Eddy (James Cagney, magnifique) vétéran de retour du front, incapable de récupérer son boulot au garage. Après avoir été brièvement chauffeur de taxi (C’est Taxi driver, avant l’heure en fait) Eddy est arrêté pour livraison involontaire d’alcool. Après 45 jours de prison, il ressort, à nouveau au chômage et va profiter de sa rencontre avec la tenancière d’un cabaret pour entrer dans le trafic d’alcool puis peu à peu gravir les échelons du crime tout en s’assurant une reconversion honnête en investissant dans une société de taxis.

     Mais le film est aussi l’occasion de raconter trois trajectoires. Il s’ouvre dans les tranchées françaises aux côtés de trois hommes, bientôt démobilisés, qui finiront par se recroiser plus tard. George, un bootlegger arriviste (Humphrey Bogart, qui débute) et Lloyd, un honnête avocat (Jeffrey Lynn) qui s’associeront plus ou moins à Eddy pour fournir l’un des bars très en vogue de New York. Trois trajectoires qui s’entendent sitôt qu’aucun ne déborde, sitôt que les anges de la Prohibition sont de leurs côtés.

     Les fantastiques années 20 peut être vu comme le dernier grand film des années 30, sur les gangsters tragiques, dans la lignée de Scarface (Hawks) et Le petit César (LeRoy). Le film impressionne dans son versant documentaire de la dépression, structurant son récit en introduisant les années en tant que marqueurs historiques, avec des anecdotes en tout genre lui permettant d’être, en plus d’un superbe mélodrame, un vrai témoignage des années 20. Grand film. Un modèle du genre. A regarder en prélude d’un autre grand film, sorti quarante-cinq ans plus tard : Il était une fois en Amérique.

40 ans, toujours puceau (The 40 year-old virgin) – Judd Apatow – 2005

09. 40 ans, toujours puceau - The 40 year-old virgin - Judd Apatow - 2005Le 13e guerrier.

   8.5   C’est très étrange de revoir ce film aujourd’hui. De constater combien il a posé les jalons de la néo-comédie américaine. 40 ans, toujours puceau, première réalisation d’Apatow, fête cette année ses quinze ans. Son auteur n’avait alors réalisé que quelques épisodes de séries pour Freaks & geeks (qu’il produisait) ou Undeclared (qu’il a créée). Et deux ans avant Knocked up il choisit de mettre en scène cette idée instiguée par Steve Carell, provenant d’un sketch que ce dernier a lui-même crée. Et ça se fera donc avec Carell lui-même, qui trouve son premier rôle de cinéma après une carrière télévisuelle. Et c’est une révélation.

     Steve Carell incarne Andy (comme le prénom du petit garçon dans Toy Story) puceau de quarante ans, qui collectionne les figurines de super-héros qu’il érige précieusement sur des étagères et dans leurs emballages. Il est vendeur dans un magasin de hi-fi dans un magasin où il arrive et repart chaque jour avec son vélo, dont il garde toujours près de lui sa roue avant. Il est complexé, puceau, bref c’est un adolescent coincé dans un corps d’adulte. Son corps se rebelle tellement contre lui qu’il lui pisse dans la tronche au réveil. Un corps tout en convulsions souterraines, qu’il s’échine à masquer à tout prix.

     Il me semble que The 40 year-old virgin est la comédie parfaite pour représenter la Génération X, la 13e génération, comme on les appelle aussi. Et qu’il s’adresse, contrairement aux films du genre qui l’ont précédé, aux adultes. C’est un vrai teen-movie pour adultes. Et ça ne l’empêche évidemment pas de nous partager son étendue burlesque et regressive lors de séquences désopilantes, d’ores et déjà entrées à la postérité, comme celle de l’épilation du torse, où Carell insulte à tout va à chaque feuille de cire arrachée.

     On pourra toujours trouver que le film manque d’envergure formelle. En effet, on sent très vite que l’idée, le pitch, le scénario, les situations, l’écriture des personnages – même les plus secondaires, féminins et masculins – seront le point fort du film. La réalisation d’Apatow est scolaire, au service du reste, si minimaliste (dans ses plans, ses décors, ses lumières) qu’on n’est parfois pas si loin du théâtre voire de la sitcom. D’autant que le film se déroule en majorité en intérieurs, dans des lieux qu’on retrouve régulièrement.

     C’était la cinquième fois que je le voyais et ce que je suis sûr c’est que je l’aime chaque fois davantage. C’est une affaire d’équilibre parfait, un grand film qu sait être très drôle et très gras, mais aussi très sensible et touchant. Si Steve Carell est effectivement génial là-dedans, il ne faut pas oublier de parler des autres, plus secondaires ici mais non moins fondamentaux, élèves de l’école Apatow que pour la plupart on recroisera plus d’une fois. C’est malin maintenant j’ai hyper envie de revoir En cloque mode d’emploi, Supergrave, Bridesmaids et d’autres.

Douze mille – Nadège Trebal – 2020

29. Douze mille - Nadège Trebal - 2020L’économie du désir.

   8.0   Il a les qualités et les défauts d’un premier film (de fiction, puisque sa réalisatrice a par ailleurs déjà réalisé deux documentaires) mais ses qualités marquent davantage l’esprit. Douze mille m’a fait penser à deux autres premiers films, assez récents : Western, de Valeska Grisebach & Jeune femme, de Leonor Seraille. Deux films aussi réalisés par des femmes, tiens. Films étranges, bancals, écorchés vif, ni vraiment naturalistes ni vraiment barjots.

     Il y a cette idée motrice sur laquelle repose les fondements du récit : Pour Maroussia & Franck leur épanouissement sera pérenne s’il continue de gagner autant qu’elle gagne en tant que nounou – le titre du film donne son salaire annuel. Lorsqu’il est viré de la casse où il bossait clandestinement jusqu’alors, les affaires se compliquent : Il va devoir partir (Il n’y a pas de travail dans la région) et revenir quand il aura réuni cette somme.

     Douze mille a ceci de passionnant et multiple que c’est d’abord un film d’amour fou, qui transpire le désir par tous les pores – On y parle de sexe très crument, on le fait ardemment aussi – magnifique première scène de lit – et se révèle en permanence incroyablement charnel (les regards érotiques de Nadège Trébal & Ariel Worthtaler sont d’ores et déjà ancrés) et infiniment solaire. Mais c’est aussi un pur film de prolétaire, qui parle sans cesse d’argent, qui a conscience de la valeur de l’argent, de la difficulté du travail et en ce sens le film se raconte aussi lui-même, sa production probablement difficile.

     L’argent, le sexe, les mots tout est très physique dans Douze mille. On y croise aussi des visages qu’on ne voit pas souvent, entre deux usines, dans un café. On y partage des pas de danse sur une aire de repos. On y fait des rencontres, des femmes essentiellement : La mère d’un ouvrier ici, une voleuse de container là. La partie sur le port est sans doute trop longue, on aurait crânement pu couper et notamment les chorégraphies un peu inutiles des Amazones.

     Quoiqu’il en soit c’est un très beau film, vivant, charnel, nouveau, c’est un brasier qui fait parfois jaillir de belles flammes. Et la plus belle c’est probablement cet acteur / ce personnage, complètement atypique, sauvage, fascinant. Que le film soit réalisé par une femme et que celle-ci joue le rôle de la petite amie de ce personnage brulant me rend l’ensemble encore plus éblouissant.

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silencio


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