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Archives pour février 2020



Soleil vert (Soylent green) – Richard Fleischer – 1974

04. Soleil vert - Soylent green - Richard Fleischer - 1974Symphonie mortifère.

   6.5   En 2022, les hommes ont épuisé les ressources naturelles. Seul le Soylent green, une pastille très convoitée, créée par une élite dirigeante, parvient à nourrir une population miséreuse. Omniprésente et terriblement répressive, la police, quant à elle, assure l’ordre. Accompagné de son fidèle ami, Thorn, un policier, va découvrir, au péril de sa vie, l’effroyable réalité de cette société inhumaine.

     C’est un bon film comme tout ce que fait Fleischer – plus je découvre sa filmographie, plus elle m’impressionne – et dans le même temps je ne peux m’empêcher d’être un peu déçu : Sur le papier c’est un chef d’œuvre absolu du cinéma d’anticipation mais à l’image le film souffre d’une grande quantité de défauts, Charlton Heston en priorité, son jeu (de mâchoire) d’un autre temps, ses grimaces outrancières. Aussi, le film peine à retranscrire ce New York dystopique, pollué, surpeuplé mais aussi à se montrer inventif durant les scènes extérieures, notamment à cause de cette fumée jaunâtre très cheap et de la scène de l’émeute avec les pelleteuses, qui méritait mieux : On flirte dangereusement avec le nanar. Le déroulement de l’enquête (effectué par Thorn) n’est pas non plus son point fort, tant ça manque de rythme.

     On s’en remet à des bribes. La réussite se joue en effet dans les creux, lieux plus étriqués à l’image de l’appartement délabré du héros, qu’il partage avec un vieil ami – les moments avec le personnage incarné par Edward G. Robinson (qui meurt peu de temps après le film) l’un de ceux qui peut encore témoigner du monde d’antan, sont très beaux, notamment cette jolie séquence de repas ; mais aussi comme ces cages d’escalier occupées par de nombreux sans-abri.

     On s’en remet à son terrible dernier tiers. Quand Sol découvre le pourquoi de l’assassinat d’un dirigeant de la Soylent Corporation et décide de filer au Foyer, pour se faire euthanasier. Là-bas, durant ses derniers instants, on offre à Sol de voir des images de ce qu’était la Terre avant, celle que lui connut (que son ami ne connaîtra jamais) en écoutant La pastorale, de Beethoven. Ce moment où Thorn arrive trop tard mais reste muet en découvrant lui aussi ces images est vraiment émouvant.

     Il découvrira bientôt le secret impensable : Empruntant un camion-bennes qui transporte les euthanasiés vers un crématorium hors de la ville, il va comprendre que le Soylent Green est fabriqué à partir de ces cadavres. Si ce glissement terrifie,  j’en viens à penser que le film souffre beaucoup de la comparaison avec Snowpiercer, de Bong Joon-ho auquel il ressemble beaucoup et pas uniquement pour ses dérives anthropophages.

La fille du puisatier – Marcel Pagnol – 1940

23. La fille du puisatier - Marcel Pagnol - 1940La fille de l’eau et le fils unique.

   6.0   C’est mon second Pagnol. Comme pour La femme du boulanger, il m’a fallu du temps avant d’apprivoiser sa mécanique car c’est une mécanique, Pagnol. C’est un peu trop écrit, un peu trop théâtral, aussi. Mais à la manière d’une petite musique qui nous happe, les beaux dialogues et l’interprétation font le reste. La fille du puisatier est un long film c’est sa force, il faut le laisser s’installer, lui laisser le temps de nous toucher par sa chronique rurale en temps de guerre, avant d’accepter sa plongée dans le mélodrame. Car c’est un film plus grave qu’il n’y parait – et donc un peu gâché par son happy-end forcé – tant les saillies légères ou humoristiques (souvent guidées par Fernandel, qui toutefois ne phagocyte pas le récit) sont relayées systématiquement par des éléments cruels. C’est un beau témoignage cinématographique de la France au moment de la capitulation – Pagnol va même jusqu’à insérer le discours du maréchal Pétain déclarant l’armistice par radio. Amoretti, le puisatier, est un superbe personnage Pagnolesque. Et Raimu, qui l’incarne, est magnifique.

Ceux qui travaillent – Antoine Russbach – 2019

30. Ceux qui travaillent - Antoine Russbach - 2019Violence des échanges en milieu affrété.

   6.5   C’est terrifiant comme du Moutout, âpre comme du Dardenne et engagé comme du Cantet. Un film qui fait froid dans le dos en partie parce qu’il est formellement froid, glacial à l’image de sa structure sonore qui ne laisse jamais de place à la musique, pas même diégétique. C’est terrible. Gourmet est de chaque plan, il est exceptionnel dans le rôle de ce cadre supérieur d’une agence de fret maritime, pour laquelle il prendra une initiative immorale qui lui sera fatal puisqu’elle le conduira à son licenciement.

     Le film et Gourmet transmettent cette perdition morale, à travers cet homme à la fois victime et coupable, antipathique et attachant. C’est un film très complexe, superbement écrit, mais en ce qui me concerne, j’admire le geste mais ça manque un peu d’optimisme, de l’éventualité d’une possibilité d’issue positive pour l’apprécier autant que les films des auteurs suscités. Il y a la petite fille, c’est vrai, elle est la seule lueur d’innocence et je trouve qu’on l’empêche un peu trop de s’imposer. Mais ça reste un film impressionnant, aucun doute là-dessus.

Rambo, Last blood – Adrian Grunberg – 2019

31. Rambo, Last blood - Adrian Grunberg - 2019Make blood great again.

   4.5   Il y a une volonté d’ancrer ce volet dans la fin du cycle. Le premier film s’appelait First blood : Il s’agira donc ici de verser le dernier sang. Le générique final reprend d’ailleurs des images des quatre premiers. Malheureusement l’esprit n’y est plus. Le précédent (le 4) avait su trouver une brutalité nouvelle, détachée. Ici, le héros de guerre, devenu pantin républicain façonné par l’ère Reagan, effectue son ultime mue, forcément trumpienne, direction donc le Mexique. Last blood vire du côté de Taken. Il y a quelque chose d’un peu plus sauvage, toutefois. Déjà parce que la fille meurt. Donc Rambo n’a plus que sa vengeance et elle sera au moins aussi terrible que celle de Old boy. Il y va lui aussi au marteau. Avant de faire des pièges, un peu plus conséquents que ceux de Kevin, dans Maman j’ai raté l’avion. Avec son arc en guise de coup de grâce. Enfin, juste avant qu’il arrache un cœur à mains nues. C’est plus trash que ce que le genre nous a habitué à voir. Dommage que la réalisation soit si peu inspirée, la musique si insignifiante, les méchants si ridicules. C’était pourtant pas mal comme idée ces tunnels sous la maison, à la fois proche de l’enfer vietnamien et des grottes dans lesquelles se réfugiait Rambo dans First blood. Mais c’est trop cheap, un décor en carton-pâte, ça ne dégage rien.

Persona non grata – Roschdy Zem – 2019

28. Persona non grata - Roschdy Zem - 2019Mauvaise croix.

   4.5   Roschdy Zem n’est pas un cinéaste très intéressant – Il est bien meilleur devant la caméra – Hâte de voir Roubaix, une lumière, de Desplechin où il y tient le premier rôle – et des films comme Omar m’a tuer ou Mauvaise foi refroidissent un peu la curiosité. Néanmoins, Bodybuilder fut une excellente surprise. Je pourrais aisément le revoir, celui-là.

     Sur le papier, Persona non grata m’intéresse. Cette histoire de potes qui se lancent dans une magouille criminelle afin de récupérer les parts de l’entreprise de BTP dans laquelle ils sont associés, je dis pourquoi pas. D’autant que ça déroule en plein littoral languedocien. Bref, ça pourrait faire un très beau polar à la James Gray.

     Malheureusement le film peine à trouver son rythme, encore moins à produire de l’émotion. Le duo Duvauchelle/Personnaz ne fonctionne pas, on ne croit pas une seule seconde à leur amitié ni à leur désir de corruption. Donc encore moins à la tragédie qui va les séparer. Tout semble trop fabriqué, jamais incarné. L’arrivée tardive de Zem en homme de main un brin envahissant redonne toutefois un peu d’intérêt à ce petit polar nerveux qui semble avoir été vite fait mal fait.

Perdrix – Erwan Le Duc – 2019

25. Perdrix - Erwan Le Duc - 2019Le gendarme et les naturistes.

   2.5   J’ai beau apprécié Maud Wyler & Swann Arlaud et avoir jeté un œil à Perdrix rien que pour eux, ce film restera une incompréhension pour moi. Cent minutes d’ennui. N’est pas Mazuy, Guiraudie, Dupieux, Peretjatko ni Betbeder qui veut. Ça voudrait tirer quelque chose d’un peu tout ça mais ce n’est qu’une coquille vide parfaitement fière de ses pauvres effets absurdes. Qui voudrait être un film qui ne rentre dans aucune case, qui ne cesse de crier qu’il est MARGINAL, ATYPIQUE, DISSONNANT (Le frère biologiste géodrilologue, le gang d’écolos-anars entièrement nus, la reconstitution d’une bataille de la seconde guerre mondiale, entre autre joyeuseries décalées) mais qui oublie de raconter quelque chose d’un peu plus consistant que sa petite folie toute fabriquée, ne dépassant jamais son petit théâtre hyper écrit. Il y a une matière (familiale et romantique) mais elle est très mal exploitée. Bref, j’ai détesté. Je ne retiens que les lieux : Très envie d’aller faire un tour dans les Vosges.

Fête de famille – Cédric Kahn – 2019

Autosave-File vom d-lab2/3 der AgfaPhoto GmbHLa maison sauvage.

   2.5   Sur un canevas proche de Préjudice, Un conte de noël ou Festen et autres films de réunions familiales qui virent au fiasco, Fête de famille ne produit que de l’indifférence. C’est un peu Juste la fin du monde, de Xavier Dolan, en plus passe-partout, moins inventif, moins pop mais plus toc, bref en beaucoup moins agaçant. En revanche c’est à peu près aussi nul que Vous n’avez encore rien vu, d’Alain Resnais. La mise en scène est d’une paresse consternante, les personnages n’ont aucun relief, rien de cohérent. Faut juste qu’ils gueulent ou qu’ils tirent la gueule. On se croirait dans un film de Valeria Bruni Tedeshi. Et ça me désole car habituellement, j’aime bien le cinéma de Cédric Kahn, sauf L’ennui – qui porte parfaitement son titre – je les aime tous. Outre l’indifférence générale, le film est un festival de frissons de la honte, surtout quand Emmanuelle Bercot fait son speech tire-larmes ; quand Macaigne veut refaire la séquence de la vente de la maison et joue sur son hystérie habituelle si caractéristique ; quand on y découpe une poularde – car le modèle c’est un peu Sautet, aussi, évidemment ; quand on fait une petite danse de salon tous ensemble où l’on voit que Kahn récupère ce qu’il faisait (si bien) devant la caméra de Lafosse, dans L’économie du couple. Bref c’est un calvaire. 

This is Spinal Tap – Rob Reiner – 1984

08. This is Spinal Tap - Rob Reiner - 1984Life for toc.

   4.0   Si l’idée du faux documentaire sur un faux groupe de rock, aux tendances heavy metal, est sur le papier volontiers exaltante, le résultat s’avère aussi poussif qu’ennuyeux tant la proposition ne se nourrit que de gags répétitifs et lourdingues, sur scène comme dans les interviews. Je n’ai seulement pu me raccrocher qu’à sa dose de non-sens parfois extrême et donc réjouissante, notamment quand il s’agit de se pencher sur le guitariste du groupe (et sa collection) ou bien sur l’histoire de la malédiction de leurs batteurs. J’aime aussi beaucoup la scène du recueillement sur la tombe d’Elvis, qui vire à la bataille d’égo. Il y a au moins ça : L’absurde, même poussé au plus haut, n’est jamais sur joué. C’est ce décalage qui fascine. Mais le procédé s’essouffle sur la longueur. Evidemment il s’agit beaucoup de tourner en dérision ces groupes, leurs tournées absurdes et leurs réflexions philosophico-neuneu. A enchainer les situations qui se répètent, notamment scéniques, la satire devient moins féroce que paresseuse. Le coup du cornichon dans le slip au détecteur de métal à l’aéroport, on a envie de leur dire « Sérieusement, vous n’avez que ça en stock ? ». La scène de la nacelle coincée sur scène c’est franchement archi poussif. Bref, si la proposition reste unique en son genre, difficile pour moi d’y adhérer. Dans un autre registre, plus bureaucratique, mais avec un ton, un humour assez proche, je suis plus sensible à des séries type The Office ou Parks & Recreation. Sans doute car les personnages me plaisent. Ici, je les confonds tous. Et c’est lorsque le film vire vers quelque chose de semble-t-il plus émouvant – faisant planer l’ombre d’une dissolution – qu’il me perd complètement puisque moi j’y suis à cet instant pleinement en retrait. De la tendresse pour ce faux groupe c’est vraiment ce que j’aurais adoré y trouver. Dans ce procédé, autant j’avais été très ému il y a peu par Guy, autant là je trouve ça vain.

J’ai perdu mon corps – Jérémy Clapin – 2019

15. J'ai perdu mon corps - Jérémy Clapin - 2019Main dans la main.

   5.5   C’est vraiment pas mal en effet mais j’ai un peu de mal à n’y voir plus qu’un chouette concept. Cette histoire de main ne m’intéresse pas vraiment et quand elle rejoint « l’’autre storyline » je trouve que ça manque de spontanéité et d’émotion. C’est trop théorique. Les flashbacks aussi sont un peu trop « fabriqués » à mon goût. Ma scène préférée restera celle de l’interphone. Où l’écriture est au diapason et où l’on prend le temps d’apprécier pleinement l’animation, qui est superbe. Et où l’on déploie l’univers qui m’intéresse, soit celui de Naoufel, ce jeune livreur de pizza effacé et traumatisé, qui vit au gré de ses prises de sons et bientôt de sa rencontre avec Gabrielle, cette voix du trente-cinquième étage, cette fille de menuisier. En fait ça m’embête de dire ça car je pense que c’est le cœur du projet  mais t’enlèves cette histoire de main, de personnage fantôme et le film est une merveille. Ma main à couper.

L’étrange Noël de monsieur Jack (The nightmare before Christmas) – Henry Selick – 1994

01. L'étrange Noël de monsieur Jack - The nightmare before Christmas - Henry Selick - 1994La complainte de l’épouvantail.

   6.0   On appréciera le jeu de mots offert par le titre original, qui remplace « night » par « nightmare » pour évoquer le réveillon de noël. De cette imaginaire dantesque, on retient outre la magie de la stop-motion et de ce récit de marionnettes, cette opposition entre deux mondes, l’un macabre, l’autre merveilleux, avant qu’ils ne fusionnent sur la plongée d’un personnage, maître de l’épouvante égaré dans un village trop parfait : Coloré, calme, sage, rangé. C’est un conte de Noel en marge. Comme toujours il s’agit chez Burton de dresser le portrait (le sien) de personnages rejetés du monde : Epouvantail squelettique, Jack a beau être émerveillé par Noel, il vaut surtout apporter Halloween dans Noel, kidnapper le Père Noel et distribuer lui-même les (terrifiants) cadeaux, accompagné de son traineau tiré par des rennes squelettes. Visuellement, le film est étourdissant. Et pour une raison qui m’a toujours échappé, c’est un film que j’aime peu. J’admire le geste – Surtout celui de Burton, de laisser son bébé à Henry Selick – mais globalement c’est un peu trop plein et bavard pour moi, je pense.

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silencio


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