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Archives pour 4 mars, 2020

Sex education – Saison 2 – Netflix – 2020

03. Sex education - Saison 2 - Netflix - 2020Freed from desire.

   8.0   Quand sonne le glas de la confirmation, c’est toujours le moment le plus délicat pour une série : Il lui faut combler un manque, prolonger la mise en place, étirer sans se disperser, rester elle-même tout en trouvant d’autres enjeux. Bref, on comprend que parfois ça plante. Si la deuxième salve de Sex education atteint largement ses objectifs, cela ne va pas sans une certaine dose de frustration. Cette frustration touche en grande partie son couple vedette, celui que la série a fait naître lors de ses dix premiers épisodes, sans qu’ils finissent ensemble mais avec la promesse que ce n’est que partie remise. Malheureusement (et heureusement) ça risque d’être partie remise encore un moment : Ici, Otis tutoiera sa toute première fois (et échafaudera tout plein de stratagèmes pour la retarder car il en est terrifié) avec Ola, avant que l’heureuse élue ne soit finalement Ruby – probablement le personnage le plus antipathique de la série – en conséquence d’une beuverie. Quant à Maeve, qui s’est finalement résignée à lui avouer qu’elle tient à lui, la voilà beaucoup trop embarquée aux côtés des « Quiz Heads » de Moordale et en surveillance de sa mère, qui est de retour, pour accorder du temps à son ancien collègue de psychothérapie clandestine. Otis aura d’ailleurs lui aussi ses problèmes parentaux, avec sa mère d’abord – car il va bientôt découvrir la relation qu’elle entretient avec Jakob, le père d’Ola – puis très vite avec son père, qui réapparait lui-aussi et souhaite lui accorder un peu de temps et d’amour. Bref, que cette frustration les (Maeve & Othis) accompagne jusqu’au dernier plan est conséquence logique de cet éloignement forcé, provoqué par l’impact de leur entourage et famille respective. Mais ce n’est que partie remise, c’est évident : Sex education existe en grande partie pour ce couple-là, ce couple absolument parfait, justement car il est en apparence très mal assorti. Le jeu de l’amour et du hasard finira tôt ou tard par les réunir.

     Parmi toutes les qualités qu’on peut attribuer à Sex education, il y en a une – que d’autres séries parfois oublient – qui est devenu systématique dans son processus narratif, c’est l’écriture complexe de nombreux de ses personnages apparemment secondaires, qui s’avèrent si passionnants qu’ils sont parfois plus si secondaires et menacent d’empiéter sur le noyau dur des personnages devenus centraux que forment Otis, Maeve, Adam, Jackson, Eric & Aimee. Viv incarnera le symbole de cette qualité, faculté à faire glisser les focales dominantes. Elle qui semble d’abord servir à justement servir la soupe à Jackson – qui troque la natation pour le théâtre – en lui prodiguant des conseils variés ; ainsi qu’à Maeve – qui débarque dans son groupe de « Quiz Heads ». Elle pourrait faire le pont entre les deux, on croit vraiment que le récit va nous emmener là-dessus. Au contraire, Viv devient un élément central, celle que Jackson va à son tour accompagner pour lui faire approcher son pote surdoué, mais très vite pour lui faire tout simplement prendre confiance en elle. Relation magnifique que celle entre Viv & Jackson. J’en aurais chialé.

     Il faut aussi parler de Jean Milburn – incarné par la sublime Gillian Anderson – tant elle ne se contente plus, comme dans la première saison, d’être la mère d’Otis. Son personnage est plus étoffé, d’abord au contact de Jakob (qui lui aussi devient un vrai personnage) dont elle finit par s’amouracher vraiment avant de constater que ses libertés sont trop vite sucrées par ce plombier envahissant. Qu’elle prenne bientôt la place de sexologue scolaire de l’université de Moordale raconte tout de cette étonnante mise en abyme : Il s’agit pour Jean de marcher sur les plates-bandes de son fils. De tenter de lui ôter peu à peu son rôle de héros. Elle y parvient un peu puisque lors de l’épisode de la fête qu’Otis donne chez sa mère, alors qu’elle est pourtant gentiment virée de chez elle, on la voit, en montage alterné, passer la soirée à danser dans un club, notamment avec Mme Groff, en pleine crise conjugale et révolution intime. Dans la première saison, Jean tentait de s’immiscer dans une fête pour récupérer Otis, là, le scénario lui offre un endroit rien que pour elle. Et c’est vrai qu’il n’y a plus de héros solo dans cette deuxième saison : Adam devient tout aussi central (et attachant : Immense tour de force que d’avoir fait de ce monstre antipathique un volcan de sensibilité refoulée) qu’un Eric, d’autant que le cœur de ce dernier balance entre lui et Rahim. Et c’est exactement la même chose pour Jackson et son affrontement avec ses mamans : Parvenir à cet échange bouleversant qu’il tient avec l’une d’elle sur un banc est le signe que Sex education est une série épatante qui en garde continuellement sous le pied.

     Mais c’est probablement sur sa dimension volontiers girl power que la série s’est complètement diversifiée. On a évoqué Viv, mais cette saison aura aussi creusé la naissance d’un amour « délicat » entre Lily & Ola. Et creusé des amitiés intouchables. L’épisode 7 en ce sens est un sommet : A travers les mésaventures d’Aimee (que j’aimais peu dans la première saison mais qui explose littéralement ici) agressée sexuellement dans un bus, les filles se regroupent – La série ira même jusqu’à citer Breakfast club le temps d’une colle dans une bibliothèque – pour l’accompagner et lui faire reprendre le bus, qui avait fini par la terrifier et lui faire prendre conscience que les hommes (et son petit ami compris, compréhensif, touchant) ne sont pas que des psychopathes sexuels. Sous ses contours légers, colorés, un peu nonchalants, c’est sa faculté à atteindre parfois une certaine gravité qui fait de Sex education une série passionnante, qui vise la diversité avant tout. On pourrait même l’attaquer là-dessus tant ça devient un peu systématique. Masturbation (féminine, masculine, mutuelle, avec objets), homosexualité (féminine, masculine, acceptée, refoulée, parentale), bisexualité, asexualité, tout y passe. On y évoque même les craintes des poires à lavement, les grimaces d’orgasmes honteuses, la pilule du lendemain, la pré-ménopause. Le catalogue est bien rempli. Et pourtant on y croit. On voudrait que le monde soit comme dans Sex education. Et on les aime d’amour, chacun de ces personnages.


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