« Send me on my way »
6.0 Si le film me semble un peu trop forcé et schématique dans le portrait qu’il dresse de la famille de Matilda et de la directrice de son école, il s’avère aussi très touchant et doux, quand il se penche sur l’étroite relation qu’elle va entretenir avec son institutrice, seul adulte à sauver dans ce récit qui ne leur fait aucun cadeau. Ce qui m’a plu, aussi, c’est que le film ne s’appuie pas seulement sur l’idée que la jeune fille a des supers pouvoirs : j’imagine que c’est comme ça dans le roman, mais j’aime qu’il prenne le temps d’y venir, tandis que je pressentais que le film capitaliserait à fond là-dessus. Non, il y a beaucoup à voir avant que le récit soit celui d’une petite surdouée qui trouve un moyen magique de recourir à ses fantasmes. Plus qu’une critique de l’ère télévisuelle et numérique, le film se fait le défenseur des livres et de la curiosité intellectuelle, un peu à la manière – mais d’une autre manière – de Richard et les livres magiques, de Joe Johnston. Je suis sans doute un peu plus gêné par la mise en scène, qui dans ses nombreuses déformations et reflets, cadres déviés, me rappelle un peu Jeunet, son hystérie fabriquée et ses gros plans / contre-plongées outranciers ou le Burton que j’aime le moins, ici on pense évidemment à ce que sera quelques années plus tard Charlie et la chocolaterie. A croire qu’il est délicat d’adapter Roald Dahl autrement que par des excès de formes et dérives slapsticks. Mais le porter à l’écran est aussi aisé que de le faire avec les écrits de Vian, je pense. Ceci étant, cette grandiloquence n’est pas seulement la traduction à l’écran des récits de Dahl, elle reflète aussi la personnalité de son réalisateur, Danny DeVito, qui retrouve ici, via un autre matériau subversif, la grandiloquence qui habitait quelques années auparavant La guerre des Rose. Par ailleurs, dès qu’il bascule dans le film de genre (tout en restant un film pour enfants) dans son dernier quart avec la course-poursuite entre Mme Le gourdin & Matilda associée à la délicieuse Mademoiselle Candy, le dispositif formel prend tout son sens et s’avère particulièrement efficace. Un peu comme dans La guerre des Rose, justement, que j’aime vraiment dès l’instant où le point de non-retour est franchi.
0 commentaire à “Matilda – Danny DeVito – 1997”