To NY with love.
6.0 Né en pleine tourmente familiale, le dernier cru Woody Allen, son cinquante-troisième, est assez paradoxalement une bulle tout ce qu’il y a de plus anecdotique, qui à l’image de son titre a tout pour ressembler à du Hong Sang-soo, en prend le charme et les contours à défaut de séduire par sa subtilité et son audace. De cette balade dans Manhattan – Et c’est un réel plaisir de voir Woody y revenir – on garde moins le charme des lieux que celui de son interprétation, la vitalité de sa jeunesse, ingénue, solaire ou tourmentée, incarnée par Timothée Chalamet (qui vire à l’alter égo d’antan, celui d’Annie Hall), Elle Faning et Selena Gomez. Tous trois sont si beaux, ravissants, étonnants qu’ils éclipsent les seconds rôles pourtant plus racés, que forment l’assemblage Jude Law, Liev Schreiber, Diego Luna, Cherry Jones.
Un jour de pluie à New York part d’une idée toute simple : Un jeune couple de Yardley en virée à New York va comprendre, le temps d’une journée passée chacun de leur côté, qu’il n’est pas fait pour vivre ensemble. On n’est pas si loin des comédies romantiques style Pillow talk ou Lover come back. Allen s’amuse de petits détails de vaudeville, une figuration impromptue dans le film d’un copain, l’interview d’un réalisateur qui glisse vers celle d’une scénariste qui glisse vers celle de l’acteur star, un mariage qui vacille pour un rire tue-l’amour, un hoquet qui s’incruste pendant la gêne, un cache-cache dans un musée. C’est mignon, généreux, très plaisant. Et rehaussé de jolies scènes très fortes, aérées comme celle magnifique où Gatsby se met au piano, plus graves lors de la confidence finale de la mère. Voilà, c’est une toute petite chose, tout à fait délicieuse, qu’on va probablement vite oublier, mais qui fonctionne.