Les garçons et Chiara, au lit.
1.5 Comme je le pressentais, le bouleversant Plaire, aimer et courir vite (2018) était un magnifique accident. Je n’aime pas Honoré en temps normal, il s’est bien chargé de me le rappeler avec cette Chambre 212, qui fait office de parfait ascenseur émotionnel. Ennui mortel devant cet objet exécrable – que cet étonnant casting ne parvient jamais à sauver – qui réunit tout ce que je déteste au cinéma. Une sorte de croisement boursouflé entre un dernier Resnais et un mauvais Blier, qui auraient batifolés avec Guillaume Gallienne dans un immeuble montparnassien. Des personnages qui apparaissent et rencontrent leur autre soi, plus jeune ou plus vieux ; une mise en scène qui lorsqu’elle ne sait plus comment innover avec sa cambre d’hôtel asse laide, balance des plans de surplomb, qui se dandinent au-dessus des cloisons – On s’en tiendrait uniquement à ce reproche qu’il serait déjà, pour moi, rédhibitoire. Cet attrait pour l’artificiel combine évidemment avec ce récit de couple en crise qui fait ressurgir de vieux démons et voit débarquer amants, amour de jeunesse, mère, Volonté (qui devient un personnage, façon Vice-Versa) et enfant imaginaire (espéré par l’un, rejeté par l’autre). Bref une mélancolie se dégage de ce vaudeville poétique, mais il se noie sous les vagues formelles dégoulinantes et cette écriture lourdingue. Dispositif d’un maniérisme terrible, qui n’en finit d’ailleurs plus de s’alourdir : La troisième demi-heure est un calvaire absolue. Bref c’est l’horreur. Un film qui aurait bien sa place dans mon top « nanars d’auteur » de la décennie écoulée, si je le refaisais aujourd’hui.