Les (lourds) confins de la foi.
3.0 C’est un type étrange ce Nicloux. Beaucoup d’ambition dans chacun des trois films que j’ai vus de lui, impossible de le nier, mais chaque fois il se vautre dans le ridicule. J’essaierai d’en voir d’autres et notamment ceux de sa première partie de carrière, je ne demande qu’à changer d’avis. En l’état, je trouve ça catastrophique. Toujours est-il qu’avant de faire son film antonionien, en clin d’œil à Pialat (Valley of love, avec Huppert & Gégé qui errent dans la vallée de la mort) et son film à la manière de Gus Van Sant (The end, avec Gégé perdu dans la forêt) le type avait choisi d’adapter Diderot, en passant après Rivette. Le mec a les couilles et le melon. La religieuse est sans aucun doute le moins mauvais des trois, le moins ridicule, mais c’est aussi le plus ennuyeux, puisqu’il est difficile de s’en moquer : Tout est si littéral, désincarné, sans aucune idée de mise en scène. Le film sortit la même semaine que le Camille Claudel de Dumont, il devait bien souffrir de la comparaison. Zéro souffle, tout se traduit sur la même mesure, sans aspérité, sans rebond, est-ce parce que Nicloux a peur de mal faire, impressionné qu’il est par le matériau d’origine ? Ou bien afin de le ripoliner pour les Césars – qu’il ne récoltera même pas ? Ou bien parce qu’il veut malgré lui en faire une pièce de théâtre, avec ces petits décors fabriqués et ces actrices qui en font tellement qu’on ne voit plus que des actrices, jamais des sœurs, jamais des bontés (Françoise Lebrun, très bien, malgré tout) ni des monstres (Louise Bourgoin, archi-raide, qui parle sans bouger les lèvres) ni des folles (Isabelle Huppert, qui s’essaie au personnage saphique mais on y croit pas une seconde) ? Bref le film se vit aux côtés de la jeune Pauline Etienne (qui est très bien) et au rythme des rencontres avec ces mères supérieures. Et c’est à l’image de ce qu’elles dégagent toutes les trois : C’est de pire en pire.