Le sens des Justes.
6.0 S’il est plein de bonne volonté, d’intentions fédératrices, le cinéma de Nakache & Toledano n’a jamais été des plus subtils. Il y a toutefois une magie qui s’échappe ici ou là, qu’on suive le quotidien d’une colonie de vacances (Nos jours heureux, 2006) ou les coulisses d’un mariage (Le sens de la fête, 2018) et qui en fait un cinéma populaire attachant et efficace.
Il y a une science du gag chez eux, un tempo de la vanne, qui souvent fonctionne mais qui de temps à autres se révèle d’une lourdeur terrible. Je les entrevois déjà dans les deux films cités plus haut, que j’aime beaucoup. Je ne vois que ça dans certains autres. Avec Hors normes, cette mécanique comique reste présente, mais elle trouve le juste dosage, sans doute parce que le sujet se prête davantage à une recherche d’équilibre.
C’est donc l’histoire (vraie) de deux hommes ayant créé une association pour l’accueil de jeunes autistes refusés par les institutions, une autre pour la resocialisation par le travail ou le loisir. Associations qui en plus de ça, forment des jeunes de quartiers à devenir des accompagnants sociaux. Ces deux hommes seront incarnés par Vincent Cassel et Reda Kateb, tous deux parfaits, chacun dans leur combat et solitude respective.
Car Hors normes, s’il est globalement un film optimiste, léger, drôle malgré le sujet et les individualités qu’il déploie – dont les deux autistes très différents que sont Joseph et Vincent, des cas très particuliers – il semble dire qu’on navigue tous dans nos zones de folie, qu’il s’agisse de ce jeune accompagnant paumé (Le parcours initiatique un peu lourdingue du film), de cette mère qui garde la face en faisant des gâteaux à l’ananas ou bien entendu de ces deux hommes dévoués, autistes à leur manière, l’un des relations amoureuses (Un running gag autour de rendez-vous arrangés ponctue le film) l’autre de sa famille (qu’on ne verra jamais).
Le film aurait pu s’en tenir à cet aspect documentaire dans la saisie du quotidien de chacun de ces jeunes que l’on qualifie de cas complexes. Mais il choisit d’alourdir le récit par la menace d’une inspection des pouvoirs publics. Si ça brouille l’équilibre, c’est aussi pour en faire le portrait d’un monde dévoué mais d’une grande fragilité, car pas du tout accordé aux absurdités administratives, au voisinage récalcitrant ou aux entreprises non-avenantes à l’idée d’embaucher des employés présentant des troubles autistiques. Bref, c’est un beau film.
Si j’avais eu envie d’écrire une critique de ce film, je ne pense pas que j’aurai fait mieux. Ça résume assez bien ce beau film qui traite du handicap, l’autisme, un sujet grave en insufflant suffisamment de légèreté pour rendre le tout digeste. Dans toute cette filmographie qui fait du tandem Nakache-Toledano les représentants de comédies françaises populaires il y a un dénominateur commun à chaque film : ils font la promotion du vivre-ensemble. Que les différences soient sociales, culturelles ou physiques… Voir même générationnelles si on se souvient du rôle du père du héros des jours heureux. Leurs intentions sont toujours louables.
Merci beaucoup.
En effet, il y aura toujours cela chez eux. L’exemple que vous citez est parfait, mais il y en a d’autres, même en restant dans Nos jours heureux (qui est un film que j’aime beaucoup) il suffit de citer le père du petit garçon hyperactif.
C’est un cinéma qui trouve parfois ses limites, sans doute justement via son utopie forcée, mais il faut leur reconnaître ce talent pour fédérer des portraits en tout genre.