Archives pour mars 2020



Deux moi – Cédric Klapisch – 2019

28. Deux moi - Cédric Klapisch - 2019Chacun trouve le même chat.

   6.5   Quelle agréable surprise là aussi ! Que s’est-il passé ? Le même jour j’aurais donc vu les meilleurs Burton & Klapisch depuis vingt ans. Evidemment ce sont deux cinéastes auxquels j’étais jadis attachés puis dont je me suis naturellement éloigné (aussi car leurs films étaient de moins en moins intéressants) donc l’humeur pour les appréhender est probablement fondamentale. Je ne dis pas que j’aurais pu les détester à un autre moment, mais j’ai dû les voir au bon moment, apparemment. Néanmoins, je suis persuadé que Deux moi est le film le plus doux, posé et touchant de Klapisch depuis longtemps. On retrouve pourtant les tares habituelles de son cinéma, il suffira de citer ces deux affreuses séquences de rêve / cauchemar absolument ni fait ni à faire. Ou bien ces running-gag chez l’épicier libanais dans une ambiance améliepoulainesque. Son goût pour l’esthétique publicitaire et la carte postale parisienne n’est plus à prouver, mais j’ai l’impression qu’il s’est toutefois un peu calmé sur celui-là. Il s’est calmé car ce qui l’intéresse c’est la dimension psy de ses deux personnages, deux trentenaires trop seuls et solitaires, fuyant aussi bien leurs familles respectives que les possibilités de rencontres, qui ont la particularité d’habiter deux appartements mitoyens dans deux immeubles différents. Si le film s’amuse souvent à les faire se croiser, faire la queue à la pharmacie, entrer/sortir de chez l’épicier, jusqu’à recueillir le même chat sans le savoir, le procédé un peu lourdingue ajoute plutôt de la légèreté, à savoir qu’il n’empiète jamais sur leurs évolutions respectives et notamment leurs rendez-vous hebdomadaires chez le psy, elle chez Camille Cottin, lui chez François Berléand. Tous deux excellents, par ailleurs, offrent enfin une belle vitrine de cette profession souvent réduite (dans le genre) à un vulgaire stéréotype. Là au contraire, la psychothérapie est sans doute un peu schématique – C’est pas Tell me you love me – mais elle existe et les personnages qui la représentent existent complètement aussi, chacun de manière très différente, en plus. C’est une idée parmi d’autres, le film en compte quelques une et notamment de ce qu’il dresse comme portrait de chaque famille, des absences d’un côté, de lourds silences de l’autres. Et le plus important là-dedans évidemment, Ana Girardot & François Civil sont tous deux absolument irrésistibles et on s’identifie très facilement à eux, ce qui manque très souvent dans les films de Klapisch, je trouve. Voilà pourquoi celui-ci est à mes yeux l’un de ses meilleurs si ce n’est promis à devenir le meilleur.

Dumbo – Tim Burton – 2019

DUMBOUn Tim Burton ça trompe énormément.

   6.0   En remake live du Disney de 1941, ce nouveau Dumbo ne m’intéressait pas beaucoup. Quant au talent de Burton – Et pour avoir récemment et tardivement découvert Vincent (1982) et Frankenwinnie (1984), je suis convaincu qu’il a existé – il est tellement porté disparu que ne suis pas allé voir un de ses films en salle depuis longtemps. Depuis Sweeney Todd, je crois.

     J’abordais Dumbo d’autant plus avec le couteau entre les dents qu’il me semblait insensé que Burton collabore à nouveau avec Disney, après le tumulte de ses débuts et l’adaptation en deux temps et deux auteurs, que fut le cas Alice. Je pensais vraiment que Burton et Disney c’était fini. Et c’est là-dessus que le film m’a séduit : La confession de Burton, son amour pour les saltimbanques et les marginaux solitaires, mais aussi son aveu de faiblesse à tomber dans les filets du géant.

     J’aime bien l’idée que Burton s’incarne à la fois dans le personnage de Danny DeVito, ce gérant de cirque contradictoire, amoureux de sa famille itinérante mais avide d’un pouvoir plus grand, mais qu’il s’incarne aussi, en guise d’autoportrait, dans cet éléphanteau aux grandes oreilles, monstre solitaire qui n’a qu’un désir, quand il vole, c’est de sortir du cirque, du rang.

     Dès l’instant qu’on quitte le récit connu de Dumbo – Finalement l’heure du dessin-animé est respectée, la seconde sera plus intéressante, car ce sera le vrai Dumbo, de Tim Burton – le film nous plonge à Dreamland, dans un immense parc d’attraction (Difficile de faire plus clair) qui sera géré par un businessman arrogant, un opportuniste récalcitrant, qui du haut de sa tour domine, jouit, dévore tout tel un croisement bâtard de Capitaine Némo, Batman (Le rôle n’échoit pas à Michael Keaton pour rien, je pense) & Eldon Tyrell. Il faudra y mettre le feu pour y échapper. C’est la firme aux grandes oreilles qui brule, littéralement. C’est assez curieux de voir que Disney a pu accepter d’être à ce point tourné en monstre d’arrogance, de bêtise et d’enfer sur terre. Bref, d’un point de vue méta, j’y trouve mon compte.

     Ensuite, plastiquement, le film ne m‘écœure pas comme certains Burton ont jadis pu m’écœurer, mais il y a trop de numérique, trop de fond vert, tout semble faux. Quant à l’ambiance musicale, signée une nouvelle fois Danny Elfman, elle fait le job, ni plus ni moins, c’est un peu triste quand on sait ce qu’il représentait dans les films de Burton. Et les personnages, les enfants surtout, s’ils servent bien Dumbo ils n’existent pas à proprement parlé.

     La première partie n’est finalement pas très intéressante, cette partie où justement, Burton aura dû en profiter pour créer des personnages, du background, des connections. Mais dès l’instant qu’on entre dans ce Disneyland vu sous l’œil de Burton, le film est tellement passionnant, rythmé et flamboyant qu’on en oublie les défauts qui le jalonnent. C’est donc une bonne surprise.

Sur un air de charleston – Jean Renoir – 1927

31. Sur un air de charleston - Jean Renoir - 1927Voyez comme on danse.

   6.0   Renoir aussi avait fait son film de science-fiction. Si le film sort en 1927, le récit lui se déroule en 2028, tandis que « la prochaine guerre » (comme le mentionne un carton) semble avoir décimé une grande partie de l’humanité. Un explorateur noir quitte l’Afrique à bord d’un aéronef et s’échoue en terre inconnue (mais on reconnait nos contrées sur la carte et une Tour Eiffel en ruine) où il fera la rencontre d’une sauvagesse blanche qui va lui enseigner le charleston. L’idée c’est évidemment de détourner les clichés et peut-être de s’ériger contre des films très douteux type Naissance d’une nation ou The Navigator : Faire du Noir un explorateur en costumes, raffiné et cultivé et de la Blanche une autochtone déshabillée vivant dans une colonne Morris avec un singe, dans un Paris revenu à l’état sauvage. Après avoir déjà joué pour Renoir dans Nana, Catherine Hessling va se donner pour l’explorateur jusqu’à l’engourdissement. Quant à Johnny Hudgins (alors célèbre danseur de claquettes) il sera séduit par la découverte de « La danse de nos ancêtres » (dira t-il) et proposera à la jeune femme de l’accompagner dans son prochain voyage. Le film se termine par ces mots : « C’est ainsi que partit vers l’Afrique une mode nouvelle : La culture des blancs aborigènes ». Si le ton est volontiers burlesque, il faut noter de très beaux décors post apocalyptique, une érotisation savoureuse de l’actrice et une ambiance assez hypnotique – quand bien même il faille imaginer un accompagnement jazz, puisque le film est entièrement muet – dans l’observation de ces corps se trémoussant au rythme d’une drôle de rencontre, qui aurait comme traverser par uchronie savoureuse le temps et les cultures.

La danse du lion (Kagamijishi) – Yasujiro Ozu – 1936

32. La danse du lion - Kagamijishi - Yasujiro Ozu - 1936Faire l’acteur.

   5.0   Il y a une étrange promesse en guise d’introduction. Une voix off raconte les talents hors pair d’un comédien de kabuki sur le point de se reproduire sur scène dans la peau d’une jeune femme se transformant en lion. Les plans fixes de sièges vides, coulisses désertes et scène abandonnée se succèdent en accompagnement de cette présentation de brève de presse, volontaire et fantasque, racontant l’histoire que l’acteur s’apprête à incarner. On se croirait dans un Resnais. Puis soudain, le lion entre en piste, le comédien en question effectue sa danse. Et Ozu filme ça le plus platement du monde, à trois caméras, dans une captation sans passion ni génie, pour une commande de l’Association culturelle du Japon. La promesse initiale est éventée car elle n’est pas relayée par une promesse de mise en scène. C’est comme si Ozu avait disparu, dévoré par le lion. Reste un beau témoignage.

Fonzy – Isabelle Doval – 2013

23. Fonzy - Isabelle Doval - 2013French Starbuck.

   4.0   C’est un film qui n’est pas dénué de sympathie – Il est même plutôt agréable à regarder, tour à tour drôle et touchant – mais le problème c’est que cette attachante réussite relative il la doit entièrement à l’attachante réussite tout aussi relative de l’agréable Starbuck, de Ken Scott. Certes, il ne s’en cache pas, il en est le remake. Il en reprend d’ailleurs les qualités – la force de son pitch et de délicieuses situations – mais aussi les défauts : mise en scène de feel-good movie totalement impersonnelle, transparente et passe-partout. A l’instar de Starbuck, c’est un film de scénario voire un film de pitch. Un bon, certes, mais ça manque vraiment d’envergure formelle. Mais le problème majeur de Fonzy, d’Isabelle Doval c’est qu’il est moins le remake de ce film canadien qu’un pur copié-collé, jusqu’aux moindres personnages et situations. Ça en devient parfois gênant. Par exemple, une scène m’avait beaucoup fait rire dans l’original, quand les enfants (du pote / avocat de Starbuck) se levaient un par un en pleine nuit pour aller s’affaler dans le bac à sable du jardin (« Crois-moi, tu ne veux pas d’enfant » lui disait son ami) et bien là, dans Fonzy, alors que les deux amis sont plongés dans la même discussion, les gosses se lèvent un par un et s’étalent dans une piscine à balles. Et le type dit exactement la même chose, la même réplique. Toutes les vannes sont reprises à l’identique. Bref, si Fonzy est donc un film agréable, il vaut mieux ne pas avoir vu l’original pour en profiter.

L’homme fidèle – Louis Garrel – 2018

22. L'homme fidèle - Louis Garrel - 2018Les vies à deux.

   5.0   Si les premiers essais courts de Garrel (petit)fils m’avaient complètement indifféré – mention spéciale à Petit tailleur qui semblait ne pas réussir à choisir entre le cinéma de son père et celui de Truffaut, créant plus d’embarras qu’autre chose – son premier long métrage, Les deux amis (qui réunissait un trio Macaigne/Farahani/Garrel aussi réjouissant que complémentaire) m’avait relativement enthousiasmé, sur la durée qui plus est. A peu près tout le contraire de L’homme fidèle, qui m’intrigue au départ (Magnifique séquence de rupture, secondée par une troublante ellipse de plusieurs années) avant de progressivement me laisser sur la touche, la faute à des acteurs/personnages pas toujours passionnants : Le héros est trop effacé, Lily Rose-Depp ne dégage rien, mais il y a Casta (excellente) et l’enfant, pour parfois faire pencher la balance. L’atmosphère de triangle amoureux, évoque cette fois d’abord le cinéma de Mouret, dans son utilisation élégante de l’espace et de la parole. Et j’ai l’impression que c’est un style qui pourrait lui correspondre à Garrel. Mais il veut embrasser plus large : Un soupçon de comédie de remariage, un peu de thriller hitchcockien, une (triple) voix off très truffaldienne, le marivaudage sur l’exemple rohmérien, le recyclage musical de Sarde. Si l’on ressent curieusement une générosité d’emprunt et de déploiement malgré sa durée ramassée d’1h15, son épure de la scène ennuie plus qu’elle ne séduit. Mais c’est pas mal, dans l’ensemble. Et ça a l’élégance de faire court.

Jeux d’espions (Hopscotch) – Ronald Neame – 1982

21. Jeux d'espions - Hopscotch - Ronald Neame - 1982Espion, venge-toi.

   6.0   Arrivé en fin de carrière, Ronald Neame s’aventure à nouveau sur les terres du film d’espionnage, mais loin de ce qu’il faisait cinq ans plus tôt, sur Le dossier Odessa, qui traquait les nazis en pleine période post assassinat de Kennedy. Ici, le maître mot c’est la comédie. Mais pas de la pure comédie non plus, c’est léger mais on ne tombe jamais dans le burlesque, il faut avant tout que ça reste un film d’espionnage. Plutôt de contre-espionnage d’ailleurs, ou d’espionnage en interne, puisqu’il s’agit pour Walter Matthau – Et si le film est si enlevé c’est en partie dû à son flegme nonchalant : Il faut le voir siffloter Puccini, danser sur Mozart ou chantonner une hymne bavaroise pendant une filature en plein Oktoberfest de Munich – de s’offrir dans un jeu de piste vengeur – On l’a flanqué sur la touche pour avoir retarder la prise d’un espion allemand – qui le voit petit à petit révéler (par courrier public) dans ce qu’il nomme rapidement « Ses mémoires » les déboires multiples de la CIA. Ce qui est très chouette c’est que le film est en mouvement permanent et bouge sans cesse géographiquement : Munich, Washington, Salzbourg, Marseille, Londres, Les Bermudes. Le revers de ce dispositif très mobile, c’est que le film prend ni le temps d’étirer certaines de ses belles situations, ni le temps de proposer des moments forts, aussi bien d’un point de vue formel – Passé la belle introduction sous les tentes de bières de Munich, les séquences sont relativement classiques – que narratif, tant le schéma est vite cousu et répétitif. Ceci étant, ça reste un film tout à fait délicieux.

Un jour de pluie à New York (A rainy day in New York) – Woody Allen – 2019

19. Un jour de pluie à New York - A rainy day in New York - Woody Allen - 2019To NY with love.

   6.0   Né en pleine tourmente familiale, le dernier cru Woody Allen, son cinquante-troisième, est assez paradoxalement une bulle tout ce qu’il y a de plus anecdotique, qui à l’image de son titre a tout pour ressembler à du Hong Sang-soo, en prend le charme et les contours à défaut de séduire par sa subtilité et son audace. De cette balade dans Manhattan – Et c’est un réel plaisir de voir Woody y revenir – on garde moins le charme des lieux que celui de son interprétation, la vitalité de sa jeunesse, ingénue, solaire ou tourmentée, incarnée par Timothée Chalamet (qui vire à l’alter égo d’antan, celui d’Annie Hall), Elle Faning et Selena Gomez. Tous trois sont si beaux, ravissants, étonnants qu’ils éclipsent les seconds rôles pourtant plus racés, que forment l’assemblage Jude Law, Liev Schreiber, Diego Luna, Cherry Jones.

     Un jour de pluie à New York part d’une idée toute simple : Un jeune couple de Yardley en virée à New York va comprendre, le temps d’une journée passée chacun de leur côté, qu’il n’est pas fait pour vivre ensemble. On n’est pas si loin des comédies romantiques style Pillow talk ou Lover come back. Allen s’amuse de petits détails de vaudeville, une figuration impromptue dans le film d’un copain, l’interview d’un réalisateur qui glisse vers celle d’une scénariste qui glisse vers celle de l’acteur star, un mariage qui vacille pour un rire tue-l’amour, un hoquet qui s’incruste pendant la gêne, un cache-cache dans un musée. C’est mignon, généreux, très plaisant. Et rehaussé de jolies scènes très fortes, aérées comme celle magnifique où Gatsby se met au piano, plus graves lors de la confidence finale de la mère. Voilà, c’est une toute petite chose, tout à fait délicieuse, qu’on va probablement vite oublier, mais qui fonctionne.

Matilda – Danny DeVito – 1997

16. Matilda - Danny DeVito - 1997« Send me on my way »

   6.0   Si le film me semble un peu trop forcé et schématique dans le portrait qu’il dresse de la famille de Matilda et de la directrice de son école, il s’avère aussi très touchant et doux, quand il se penche sur l’étroite relation qu’elle va entretenir avec son institutrice, seul adulte à sauver dans ce récit qui ne leur fait aucun cadeau. Ce qui m’a plu, aussi, c’est que le film ne s’appuie pas seulement sur l’idée que la jeune fille a des supers pouvoirs : j’imagine que c’est comme ça dans le roman, mais j’aime qu’il prenne le temps d’y venir, tandis que je pressentais que le film capitaliserait à fond là-dessus. Non, il y a beaucoup à voir avant que le récit soit celui d’une petite surdouée qui trouve un moyen magique de recourir à ses fantasmes. Plus qu’une critique de l’ère télévisuelle et numérique, le film se fait le défenseur des livres et de la curiosité intellectuelle, un peu à la manière – mais d’une autre manière – de Richard et les livres magiques, de Joe Johnston. Je suis sans doute un peu plus gêné par la mise en scène, qui dans ses nombreuses déformations et reflets, cadres déviés, me rappelle un peu Jeunet, son hystérie fabriquée et ses gros plans / contre-plongées outranciers ou le Burton que j’aime le moins, ici on pense évidemment à ce que sera quelques années plus tard Charlie et la chocolaterie. A croire qu’il est délicat d’adapter Roald Dahl autrement que par des excès de formes et dérives slapsticks. Mais le porter à l’écran est aussi aisé que de le faire avec les écrits de Vian, je pense. Ceci étant, cette grandiloquence n’est pas seulement la traduction à l’écran des récits de Dahl, elle reflète aussi la personnalité de son réalisateur, Danny DeVito, qui retrouve ici, via un autre matériau subversif, la grandiloquence qui habitait quelques années auparavant La guerre des Rose. Par ailleurs, dès qu’il bascule dans le film de genre (tout en restant un film pour enfants) dans son dernier quart avec la course-poursuite entre Mme Le gourdin & Matilda associée à la délicieuse Mademoiselle Candy, le dispositif formel prend tout son sens et s’avère particulièrement efficace. Un peu comme dans La guerre des Rose, justement, que j’aime vraiment dès l’instant où le point de non-retour est franchi.

Irresponsable – Saison 3 – OCS – 2019

05. Irresponsable - Saison 3 - OCS - 2019Bon voyage.

   8.0   Voilà, Irresponsable c’est fini. Qui eut cru, avec un pitch pareil, que la série nous laisserait trente épisodes plus tard aussi ému. Et frustré qu’elle s’en tienne ici. Mais comblé par cette frustration, tant il est agréable de voir une série qui d’une part n’aura pas raté sa sortie, bien au contraire et d’autre part, qui a été pensée pour s’inscrire ainsi, sur trois saisons.

     Elle aurait pu continuer et sans nul doute tourner en rond – à l’image du dernier chapitre de The good place, clairement superflu. Elle aurait d’ailleurs déjà pu tourner en rond au cours de cette saison, creusé un sillon déjà bien creusé durant les deux premières. Pourtant, les nouvelles brèches vont se multiplier. Copieusement. Ainsi elle fera cohabiter trois générations jusqu’à l’explosion. Sortira du chapeau un personnage important, puis un second, sans pour autant que ça ne fasse trop fabriqué. C’est une affaire de glissement et de gestion de ce glissement : Il y a deux ellipses majeures durant cette ultime saison, celle de deux ans qui ouvre cette troisième saison et justifie les relations électriques et les désirs d’ailleurs de chacun. Et celle d’un an entre l’avant-dernier et l’ultime épisode. Et tout est idéalement agencé.

     Ça part du désir d’un fils (Jacques) de quitter la fac et s’envoler pour le Chili afin de nous entrainer vers une cohabitation familiale (à trois générations) qui bat de l’aile. Mais c’est en réalité de l’avenir de chacun de ces quatre personnages centraux (Julien, Marie, Sylvie et donc Jacques) dont il est question, cette incertitude existentielle, qui n’a pas d’âge. Une thèse que l’une retarde ici quand l’autre découvre l’envie d’être le papa qu’il n’a pas pu être. C’est aussi une (grand) mère qui doit affronter son passé pour revive en tant que femme.

     Evidemment il faut un trait d’union à tout cela. Ce trait d’union, c’est Julie. Une (demi)sœur qui apparait, avec un polichinelle dans le tiroir : Cet enfant à venir c’est aussi ce qui ôte la gratuité absurde de la situation. Et la bonne nouvelle c’est qu’Alison Chassagne, qui en est l’interprète, est la révélation de cette saison en plus d’être, mais je pense que vous avez deviné, la vraie sœur de Sébastien Chassagne aka Julien. Irresponsable est donc une affaire de frères et sœurs puisque elle est créée par Frédéric & Camille Rosset, frère et sœur. Vers la fin de l’épisode 4, je crois, c’est une vraie déclaration d’amour que s’offrent Julie & Julien, donc par extension c’est aussi celle que s’offrent Frédéric & Camille et ça c’est assez beau.

     Irresponsable c’est aussi un récit sur le rôle du père. Tout, dans Irresponsable, prépare aux retrouvailles avec le père. Julien a démarré d’un côté, il est logique qu’il termine de l’autre. C’était casse-gueule, mais c’est aussi l’une des grandes qualités de cette saison, écrite encore une fois avec beaucoup de finesse, élégance et légèreté alors qu’il y a une vraie gravité en filigrane.

     C’est donc une saison plus ambivalente qui n’hésite pas à placer ses personnages – Julien en particulier, évidemment – face à des dilemmes moraux variés. La page doit se tourner, comme elle se tournait à la fin de Friends. Ce n’est d’ailleurs pas une fin en soi, mais le début d’autre chose.

     Bref, c’est fini. Si vous n’avez pas encore jeté un œil à Irresponsable, c’est le moment. Ajoutons que ce format de trois fois 10 x 26 minutes est parfaitement adéquat.

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