Cosmos.
7.0 Dans une démarche frénétique plus canalisée, Nous témoigne une nouvelle fois de l’originalité folle d’un auteur en marge, véritable magicien du montage, véritable orchestration musicale, même lorsque la musique n’est pas, comme ici. C’est un film très sonore en effet, dénué de paroles – Ce que n’aura cessé de faire Pelechian, à travers son œuvre pour le moins ramassée – mais sa musicalité s’en remet cette fois aux bribes du réel, à la manière d’une musique concrète. Il suffit que l’on passe du plan d’une montagne à celui d’une explosion pour comprendre son ambivalence, son attirance pour la beauté et la cruauté. Que l’on voit le visage grave d’un enfant remplacé par une cérémonie funéraire pour apprivoiser tout son caractère humaniste et mortifère. Un peu comme lorsque cet homme, sur sa mobylette, semble disparaître dans le nuage de gaz d’échappement produit par le camion qui le précède dans un embouteillage. Le Nous du titre, c’est bien entendu le peuple arménien, mais c’est aussi l’histoire du XXe siècle, c’est toute l’humanité, condensés dans un regard, une explosion, une disparition, une répétition, une étreinte et des larmes, de tristesse (d’un visage enfantin) et de joie (de retrouvailles). Ce montage incroyable permet au film d’être touché par la grâce tant il semble idéalement accordé aux variables qui animent l’humanité toute entière. C’est puissant.
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