Rivalité aveugle.
4.5 Un film aussi terne formellement qu’il est rocambolesque narrativement. Une histoire d’orpheline aveugle recueillie par un bon pasteur, qui jure de l’élever comme sa propre fille. Qu’il élèvera mieux que sa propre fille, en fait, c’est tout le problème, occasionnant moult jalousies (de sa propre femme, essentiellement), ambiguïtés et non-dits embarrassants. Jusqu’au jour où cette jeune demoiselle devenue femme, arborant les traits de Michèle Morgan, parvienne, après opération, à recouvrer la vue. Dommage que Delannoy s’intéresse si peu aux lieux dans lesquels ses personnages évoluent : Cette auberge, cette église et ce village de montagne. Il y a de beaux instants dans la neige, mais il y a surtout de longs dialogues théâtraux qui alourdissent tout le film. Et puis tout est beaucoup trop programmatique. Chaque réplique ou rebondissement pèse une tonne. On sent que Delannoy est écrasé par le roman d’André Gide. Que le film partage le grand prix de Cannes en 1946 avec entre autre Brève rencontre ou Rome ville ouverte, ne lui fait pas que du bien.