L’étau au Sénat.
7.0 C’est un film de procédure politique absolument passionnant, impressionnant, dense, d’une précision quasi documentaire, qui révèle à mesure toute sa tragique absurdité. Preminger nous plonge dans les coulisses du pouvoir, manipule son dispositif à merveille, dispose ses pions, les héroïse et/ou les condamne. Entre obsession de la guerre froide et chasse aux sorcières, l’envergure est colossale puisqu’il s’agit d’hommes d’état dont la carrière est prise dans un engrenage dangereux, provoqué par les soupçons et les polémiques, faux témoignages et troubles plus ou moins inavouables de leurs passés respectifs. Le film surprend par sa construction. On croit d’abord qu’on restera proche de Leffingwell (Henry Fonda) l’homme en question que le président souhaite nommer secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères. Puis c’est aux crochets de l’opposition que le film glisse, en compagnie d’un sénateur cynique et maccarthyste, incarné par Charles Laughton, qui souhaite le faire tomber pour antécédents communistes. Avant que le film prenne à nouveau une autre direction, en s’attachant à un sénateur menaçant, mais plus menacé encore, lorsqu’on s’apprête à rendre public ses tendances homosexuelles. Le film est froid, fort, implacable.