L’orgueil de la bite.
4.0 C’est probablement l’un des premiers films à établir son ancrage dans les grands ensembles de la ville nouvelle d’île de France, ici un quartier de Créteil. Rohmer qui fera sa spécialité durant les années 80 (Les nuits de la pleine lune, L’ami de mon amie) venait tout juste de produire pour la télé la série « Ville nouvelle » en forme de documentaire de quatre heures. Le film de Ferreri sera lui pure fiction.
Ingénieur touché par le chômage technique de son usine, Gérard récupère son fils à la crèche et y fait la connaissance d’une puéricultrice avec qui il entretiendra vite une liaison. Cette dernière, qui devait partir avec son amant d’occasion choisit finalement de s’installer avec Gérard et son petit garçon, dans cet environnement triste, monotone, qu’ils pimentent d’une sexualité plutôt inventive et épanouie.
C’est un film qui sent tellement la provocation qu’il en oublie ses personnages et son récit. Les dialogues, la plupart du temps improvisés, n’ont aucun sens. Les situations, souvent mal agencées, zéro cohérence, si ce n’est pour satisfaire l’ego puéril d’un auteur en roue libre, persuadé qu’il peut déblatérer sans bosser. Qu’il s’agisse d’en parler ou de le faire, le sexe y est omniprésent, au point que Depardieu est à poil quasiment durant tout le film.
Et Muti aussi. Elevée au rang de femme-objet qui arrive là en personnage concept pour compenser le départ de celle (la mère de l’enfant) qui s’engage sur le front du Mouvement de Libération des femmes. Cette femme et mère « de rechange » prend part aux obsessions de Gérard – Ils baisent devant l’enfant, jouent avec son petit zizi, exhibe leurs parties devant ses yeux, pauvre gamin, c’est minable – pour qui le sexe est l’unique évasion.
Mais il comprend bientôt, en érection ou non, saucisson entre les jambes ou non, qu’il est l’esclave de son propre empire. Le film ira jusqu’au bout, Gérard finira par se couper la bite – Le film est connu pour ça. Quoiqu’il en soit, c’est un film exténuant, vraiment. Et souvent embarrassant. On est proche de La grande bouffe, in fine : Les bourgeois y crevaient dans leur propre excès de consommation aussi. C’est de la philo de provocateur de pacotille, n’est pas Pasolini qui veut. Pas sûr de revoir un Ferreri de sitôt.