No man’s land.
5.0 Pas revu depuis sa sortie. J’en gardais un très mauvais souvenir. En fait c’est pas mal, c’est un Spielberg mineur, oui, mais c’est pas mal. Une sorte de fable à la mode de Capra, gentillette, pas très subtile mais pas désagréable pour autant. Il y a un certain savoir-faire, difficile de le nier.
Ceci étant, la comédie romantique n’est pas ce qui sied le mieux à Spielberg : Les ressorts comiques, notamment, sont usés. Les seconds rôles ne sont pas très intéressants, quand ils ne sont pas carrément grossiers – cf le chef des douanes. Difficile, qui plus est, de ne pas y voir qu’un simple plaisir récréatif entre deux films plus imposants, incarnés et forts que sont Arrête moi si tu peux et La guerre des mondes.
On peut lister tout ce qui ne va pas c’est sûr, c’est un film vraiment problématique à de nombreux niveaux, mais j’étais d’humeur à observer ses qualités et Spielberg a un certain talent de conteur. Et puis Tom Hanks c’est le gars parfait, la star adéquate pour ce rôle. C’était pas gagné, n’importe qui d’autre aurait été un gros miscast. Lui on assimile assez vite qu’il incarne un touriste simili-bulgare.
Mais surtout il y a un lieu. Et Spielberg en fait quelque chose. C’est vraiment sur ce point que le film m’a cette fois un peu séduit, y a vraiment du boulot pour rendre crédible cet étrange espace et pour l’incarner dans le temps. L’aéroport JFK est ici un décor reconstitué. Un lieu de transit intégralement recrée. Et Spielberg propose beaucoup de choses, son film est en mouvement permanent.
Le terminal s’inspire de l’histoire de Mehran Karimi Nasseri, réfugié iranien sans papiers et déchu de sa nationalité, bloqué à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle de 1988 à 2006 – Philippe Lioret en avait déjà fait un film, son tout premier, intitulé Tombés du ciel, avec Jean Rochefort. Tiré d’une histoire vraie, certes, mais Spielberg va broder lui un film de pure fiction ne serait-ce que dans le choix du pays d’origine du personnage : La Krakozie, un pays de l’est complètement fictif. Son pays entre en guerre et Viktor se voit indésirable et réfugié dans une section abandonnée de la porte 67 de l’aéroport JFK.
On a le sentiment que Spielberg a voulu faire un film plein de bonnes intentions, de bons sentiments, un divertissement parfait façon Les évadés, de Frank Darabont – Il y a clairement des similitudes entre Viktor et Andy Dufresne : Lui aussi prend le temps d’orchestrer sa propre évasion, afin d’accomplir un but bien précis. Reste que l’un est un pur modèle de narration, d’une efficacité redoutable. L’autre reste un film attachant mais plus anecdotique. Plutôt reposant, avant d’enchaîner sur La guerre des mondes puis Munich. Une pause goûter. Un film de transit(ion).