La mémoire dans la peau.
6.0 Un ancien prisonnier des camps japonais se réveille d’un long coma quelques années après la fin de la guerre. Il est accusé d’avoir trahi un co-détenu et risque la cour martiale. Sauf qu’il est à moitié amnésique et ne se souvient pas du tout d’avoir provoqué l’exécution de son ami. Il s’évade de l’hôpital naval et se met à la recherche de sa veuve. Il y a évidemment du Hitchcock là-dedans – C’est La mort aux trousses, c’est Le faux coupable – mais il y a aussi les prémisses de L’énigme du Chicago express (que Fleischer réalisera six années plus tard) d’une part car le climax du film se déroule aussi à bord d’un train, d’autre part car c’est un singulier duo que Le pigeon d’argile nous demande de suivre. C’est un film très ramassé (Soixante minutes, pas plus) au sein duquel Fleischer se montre déjà très à l’aise dans le déploiement de son intrigue et de son suspense. Il y a quelques maladresses, des choses très appuyées, visant à faciliter la compréhension du récit, notamment les deux flashs mentaux très pratiques. Ou bien sûr le retournement rapide de la veuve du défunt qui n’est pas suffisamment bien écrit / hyper bien incarné pour qu’on y croit. Si le film est jalonné de jolies séquences, à l’image de la course-poursuite dans le Chinatown de Los Angeles ou de celle du train, il y a surtout ce moment où notre héros se réfugie chez une jeune chinoise, qui le cache dans la chambre de son bébé, et dont il comprend, en tombant sur une photo dans un cadre, qu’elle aussi est veuve de guerre, d’un soldat asiatique. Bref, ça vaut largement le coup d’œil.