Morte saison.
6.5 Si le film est tourné à Barneville et non à Berck comme initialement prévu, la ville, elle, n’est jamais citée dans le récit. C’est un lieu mystérieux, hors du monde et du temps. On sait juste ce que l’on y voit : Quelques maisons en surplomb de la plage, désertée et un hôtel miteux. La pluie, ininterrompue, se charge du reste. Il pleut à torrents, interdisant même aux larmes des laissées pour compte de couler. Il y a un crime passionnel en filigrane, mais il y a surtout le crime perpétuel fait aux enfants de l’assistance publique, abominablement utilisés lorsque la vie active les récupère. C’est la grisaille de la France de l’après-guerre jalonnée de destins qui ne verront jamais le soleil, préférant se réfugier dans des vestiges de la guerre, ces fortins tout aussi désolés. Sous ses airs de titre chaleureux, estival, Une si jolie petite plage, d’Yves Allégret (dont je n’avais jusqu’ici seulement vu (et plutôt aimé) Les orgueilleux) est un film froid, boueux, terrible. Gérard Philippe y est triste, taiseux, désespéré. Et c’est aussi la limite du film : Il ne décolle vraiment jamais, n’offre aucune espèce d’esquisse d’une éventuelle issue. La photo d’Henri Alekan est superbe.
Si la ville n’est jamais citée dans le film, lorsque Gérard Philippe arrive en camion au village on voit un panneau avec un nom de ville : Barneville sur mer. Le nom est difficilement lisible car couvert par une pluie battante.
J’avais manqué ce discret panneau alors.
Merci