Du côté de la rivière.
8.0 Qu’on a regardé, mon fils et moi, dans la lignée du Petit fugitif, complément de programme idéal. Je rêvais de lui montrer, j’aime beaucoup ce court. Incroyable de voir combien tout Rozier est déjà là, en gestation. Tout cet art de la fugue éphémère se trouve déjà dans ces vingt merveilleuses minutes, dans un récit à l’échelle de l’enfance et à hauteur d’enfant, à travers cette fuite improvisée du quotidien, du monde et de ses règles, ici de l’école et des camarades de classe.
Pour les impressionner et surtout qu’on ne le traite pas de poule mouillée, un petit garçon jette son cartable du haut d’un pont, dans la rivière varoise. Mais sans cartable, impossible d’entrer dans l’établissement. Alors le voilà qu’il se met à suivre le cours d’eau à travers la forêt, semble s’y perdre pour finalement prendre plaisir à s’y perdre, faire la rencontre d’un serpent d’eau qu’il rapportera en classe pour une blague. C’est le fantasme de l’école buisonnière à l’état pur. Une parenthèse onirique.
Si on peut y voir un héritage du Zéro de conduite, de Jean Vigo ainsi que les prémisses directes de Maine Océan – Et si René, ce petit garçon c’était le contrôleur Gallec quelques années auparavant ? – il y a dans cet échappée miraculeuse le miroir de son auteur, qui n’aura eu de cesse de tenter d’emprunter d’autres routes, d’autres lignes, percer les mystères de la fuite au cinéma. Quand il apporte un élément de l’autre monde (la rivière) dans la réalité (la salle de classe) tout s’agite, s’égosille, s’embrase et s’évapore. C’est très beau.