Alors, on danse ?
5.0 Le nouveau Vinterberg s’appuie sur une citation de Kierkegaard puis sur un postulat théorique ô combien provocateur, tiré d’un psychologue norvégien, considérant qu’il manque à chaque être humain 0,5g d’alcool par litre de sang pour être heureux.
Quatre copains, tous enseignants, un peu déprimés par leur vie personnelle et professionnelle, décident d’expérimenter l’idée et boivent de façon régulière afin de se maintenir en état d’ivresse relativement constant.
Le film a tout pour devenir une parfaite tragi-comédie, tendance feel-good, il l’effleure notamment lors d’apartés clipesques nous offrant à voir nos profs retrouver le goût d’exercer, ou plus simplement lorsqu’ils se murgent tous les quatre.
Mais Drunk est sans cesse guetté par le drame : Les dislocations de couples, d’abord, le mal-être existentiel, toujours, la mort, bientôt. Les vignettes déployées sont donc systématiquement contaminées par une dépression latente provoquée par l’ensemble de la société.
C’est sans doute un peu superficiel, trop prévisible, trop écrit pour s’incarner pleinement, mais il y a de très beaux instants, émouvants quand on entre dans la sphère intime du couple. Et Mads Mikkelsen est fabuleux, comme d’habitude. Je pense même qu’il fait tout le film, qu’il lui donne sa raison d’exister.
On y perçoit donc l’héritage lointain d’un Husbands, mais Vinterberg n’est pas Cassavetes. Ça manque quand même d’idées, de folie, d’originalité dans la mise en scène. Le film aura surtout ce beau statut en période de crise Covid d’agir en médicament. « À consommer sans modération » titrerait probablement Le Figaro. Pourtant, sans donner de leçon non plus, Drunk finit par dire un peu le contraire. Buvez, mais pas trop. Dansez, plutôt !