This is not an enter.
2.0 Un film aussi mauvais que le livre est dément. Si Cristian Bale tente de donner corps à Bateman (avant d’incarner Batman, chez Nolan) et s’en sort plutôt bien dans son registre éminemment cabotin, Mary Harron, la réalisatrice de cette purge, ne parvient jamais à retransmettre ne serait-ce qu’un centième de la patte Bret Easton Ellis. Elle pourrait s’accaparer totalement le truc, comme Kubrick s’accaparait le Shining de Stephen King, mais elle n’en fait rien, tout y est au choix grandiloquent, aseptisé ou ridicule. Chez Ellis il y a la forme, une folie que lui seul sait canaliser, dans American psycho, mais aussi déjà dans Moins que zéro ou Les lois de l’attraction, et plus tard dans Glamorama. Chez Harron il n’y a qu’une mise en scène impersonnelle, une forme vide, une volonté de faire choc sans trop y toucher. Chez Ellis, il y a une satire féroce du capitalisme, du mode de vie des yuppies et des années Reagan. Chez Harron c’est à peine effleuré. Tant qu’il y a les grimaces de son acteur et du sang, elle est satisfaite. Le name-dropping (sa spécialité) si conséquent qu’il en devient aussi gerbant que fascinant chez Ellis est quasi évincé dans le film d’Harron, tout simplement parce qu’il est impossible de transmettre ça dans un film, qui plus est d’une durée d’1h40 – Le roman fait cinq cents pages faut-il le rappeler. Bref c’est un livre inadaptable et ça le reste. Je m’en doutais bien évidemment, mais j’avais besoin de le voir de mes propres yeux. Je pensais juste pas que c’était nul à ce point. Franchement, dénaturer un tel chef d’œuvre c’est quasi criminel.