Parasite.
5.5 La découverte tardive du premier long métrage d’un auteur aussi important que Cronenberg permet en grande partie de détecter les prémisses des thématiques à venir. En ce sens, Shivers ne déçoit pas. C’est déjà du pur Cronenberg. En collaboration avec Roger Corman et Barbara Steele, ce premier long s’inscrit dans un genre peu noble, entre le cinéma érotique et bis – et distribué comme tel, dans la mouvance du « cinéma d’exploitation ». On peut associer ce mode de production au Piranhas, de Joe Dante, par exemple. Mais chez le canadien, l’obsession c’est d’emblée le corps et la technologie, virus et contamination, complot politique et environnement post-moderne. Dans Shivers, des parasites créés par un savant fou, s’infiltrent dans les corps des habitants d’une résidence de luxe ultra-moderne, et les transforment en maniaques sexuels. En plus de ressembler à un hideux sexe masculin, le virus s’agrippe, brule, détériore et s’introduit absolument partout : à l’image de cette mémorable scène dans une baignoire. De visions folles, le film en est bondé, aussi bien dans les diverses relations sexuelles qu’il crache dans quasi chaque plan que dans le suivi visible ou non (Alien s’en souviendra) du parasite. Mais il fait aussi office de pot-pourri où toutes les limites sont repoussées, où toutes les pulsions gores de son auteur sont jetées pêle-mêle dans une succession de vignettes aussi réjouissantes qu’hasardeuses et épuisantes. Et le film ira jusqu’au bout, ne cherchera pas à rétablir quoi que ce soit, glissant inexorablement vers une barbarie régressive et une allégorie visionnaire des années Sida à venir.